GLUCOPHAGE (ou metformine) chez les diabétiques : finalement ça sert à quoi ?

Mauvaise nouvelle pour les diabétiques !

J’en suis terriblement désolé.

Certains diront que je ferais mieux de me taire, mais ce n’est pas dans mes habitudes de renoncer à expliquer les problèmes (surtout les sérieux) sous prétexte que ça pourrait affliger des marchands, des médecins et même des patients.

« Faire l’autruche » n’est pas recommandé quand on fait ce métier dans les sciences médicales …

Bon, je l’avais déjà expliqué dans mon dernier livre [Prévenir l’infarctus] : abaisser drastiquement le niveau de glucose dans le sang des diabétiques…

… avec des médicaments ne semble pas entraîner de bénéfices cliniques formidables, pas moins d’infarctus, pas moins d’AVC, et pas une meilleure espérance de vie.

Je n’étais pas le seul à le penser (quoiqu’apparemment seul à le dire à haute et intelligible voix) puisque des statisticiens chevronnés ont essayé d’analyser les effets cliniques réels du plus prescrit des médicaments pour diminuer le glucose, la metformine ou Glucophage*.

Ils ont observé, et rapporté (les vilains !), deux choses très embêtantes :

1) il n’y a pas de bonne science du glucophage après des dizaines d’années de commercialisation ; ça ressemble furieusement au Mediator* mais pas tout-à-fait car il y a quand même quelques études, mais de mauvaise qualité …

2) quand on procède à une analyse systématique de toutes les études (acceptables techniquement) ensemble (il y en a 25 environ pour faire simple ; et ça s’appelle une méta-analyse), on n’observe aucun bénéfice : pas moins d’infarctus, pas moins d’AVC, et pas une meilleure espérance de vie. Et on n’exclut pas des effets négatifs !

Nous voilà donc avec une belle étude de synthèse qui démontre que pendant des décennies nous avons prescrit à nos patients des médicaments (il y a plusieurs présentations dans les pharmacies européennes) dont l’efficacité et l’innocuité ne sont pas prouvées !

On le savait, mais on ne disait rien ! Et moi pas plus que les autres, mais je ne suis pas diabétologue et le CNRS ne me paie pas pour « faire les poubelles » ou provoquer des scandales …

On m’a déjà assez fait comprendre que les « mouches du coche », on aime bien les écraser ou les exterminer au DDT.

J’ai donc mon excuse (d’autant plus que j’ai donné l’alerte à la fin de l’année dernière) mais j’ai quand même un peu honte ; et au nom de toute la gent médicale, je vous prie de nous excuser !

Ceci étant dit, il serait peut-être urgent que les médecins en charge des diabétiques se manifestent (et/ou se réunissent) pour réfléchir un peu à ce qu’il serait souhaitable de dire et de faire à partir de maintenant … ça paraît assez évident mais ce serait encore mieux si une Institution Officielle faisait part de ses réflexions et recommandations …

Bon, peut-être qu’après l’actuelle période électorale, on va se réveiller ? 

NB Pour ceux qui aiment bien vérifier (je les y encourage), voilà la référence de l’article : Boussageon R, et al. « Reappraisal of metformin efficacy … » PloS Med 2012;9(4): e1001204.

Bonne lecture, les amis !