LES STATINES INHIBENT LES OMEGA-3

Des chercheurs hollandais, très sérieux (le groupe de Dean Kromhout que je connais bien), viennent de publier une analyse très intéressante de leur dernier essai clinique testant l’efficacité des oméga-3 dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

Je résume : ils espéraient faire au moins aussi bien que nous (dans notre essai sur la diète méditerranéenne) en efficacité préventive car ils combinaient des oméga-3 végétaux et marins dont les effets sont en principe (au moins en partie) cumulatifs. Ils n’ont jamais bien compris (comme beaucoup de nutritionnistes) nos travaux sur la diète méditerranéenne qu’ils assimilent naïvement à une diète riche en oméga-3 et en huile d’olive mais pauvre en graisses saturées animales. Passons !

Nous étions de notre côté plus…

… prudents car nous pensions que les patients des années 2000s profiteraient beaucoup moins des bienfaits des oméga-3 que les patients des années 1980s car ils étaient devenus beaucoup moins déficitaires en oméga-3.

Pourquoi sont-ils moins déficitaires qu’auparavant ?

Parce que les médecins, les médias et les patients et leurs familles savent depuis nos études (et celles d’autres groupes anglais et italiens notamment) que les oméga-3 protègent des maladies cardiovasculaires.
En conséquence, d’une façon ou l’autre, ils en consomment des oméga-3 ! Et ainsi ils ne sont plus déficitaires !
Or le grand succès des essais antérieurs tenaient, à notre avis, surtout du fait que nous corrigions un déficit.

Que s’est-il passé dans l’étude hollandaise ? Ils n’ont mis en évidence aucune protection des oméga-3 !
Rien !
Si nous n’attendions pas de miracle, nous avons nous-mêmes été très étonnés.

Que s’est-il passé ? Il fallait trouver une explication plausible d’autant que deux autres essais comparables (mais avec des défauts méthodologiques) en France et en Allemagne donnaient des résultats (négatifs pour les oméga-3) comparables.

Nos amis hollandais, très vexés, ont eu une très bonne idée : ils ont analysé séparément les groupes de patients recevant une statine (prescrite par leurs médecins) et ceux n’en recevant pas, pour une quelconque raison.

Il n’y avait qu’une faible différence entre ces deux groupes : 15% de risque chez ceux ne recevant pas de statine et 13% pour ceux avec statines ; sans qu’on puisse attribuer cette différence aux statines en l’absence de tirage au sort qui est la seule façon d’équilibrer les deux groupes en termes de risque initial et donc de pronostic.

Là où ça devient passionnant c’est que lorsqu’ils comparent les effets des oméga-3 (par rapport au placebo) dans les groupes avec ou sans statines, ils voient que les oméga-3 n’ont aucun effet uniquement en présence de statines.

En présence de statines, le risque est en effet de 13% ; et équivalent à celui de ceux qui reçoivent le placebo tandis que chez ceux qui n’ont pas de statine les oméga-3 réduisent le risque à 9%, contre 18% chez ceux qui reçoivent le placebo, une diminution de 50% !
Et donc aussi un risque nettement inférieur au risque observé chez ceux qui ont une statine (13%).

Je n’oserais conclure que l’absence d’effet protecteur des oméga-3 dans l’essai hollandais (sans séparation des patients recevant ou non une statine) soit exclusivement due à une inhibition des oméga-3 par les statines.

Plus probablement, c’est plutôt la combinaison d’une absence de déficit en oméga-3 (par rapport aux essais antérieurs) et d’une inhibition par les statines qui fait qu’aujourd’hui les oméga-3 semblent inefficaces.

Pas simple la recherche médicale !

Conclusion provisoire : si vous voulez vraiment profiter de la protection des oméga-3, commencez par arrêter votre statine qui, de toute façon, ne sert à rien sauf à vous empoisonner, et pas que les méninges !