CONFERENCE A BARCELONE LE 31 AOÛT 2009

Lors du prochain congrès annuel de la Société Européenne de Cardiologie à Barcelone (Espagne), un sympsosium sur « mode de vie et maladies cardiovasculaires » est organisé. On m’a invité à y donner une conférence sur les aspects nutritionnels d’un mode de vie protecteur. Une équipe de CANAL+ en profitera pour me suivre (et m’interviewer) dans les méandres de ce gigantesque congrès médical et scientifique qui réunit plusieurs dizaines de milliers de cardiologues du monde entier.

Le titre du symposium [« La Dolce Vita: what every cardiologist wants to know about eating, drinking, and being active« ] en dit long sur l’évolution des esprits, au moins dans certains pays d’Europe, à propos de ce que signifie mode de vie protecteur contre les maladies cardiovasculaires.

Certes le titre proposé pour ma conférence, et que je n’ai pas contesté [« Olive oil, berries and chocolate« ] en dit encore plus sur la confusion qui règne dans les esprits. Je n’ai pas contesté ce titre car il m’a paru un bon tremplin pour dire ce que je veux dire.

Pourquoi contesterais-je ce titre ? L’huile d’olive, les fruits rouges (berries) et le chocolat n’ont-ils pas des effets bénéfiques sur des facteurs qui en théorie contribuent aux maladies cardiovasculaires ?
On peut répondre positivement : l’huile d’olive est l’huile préférée des méditerranéens et nul ne conteste qu’elle joue un rôle dans l’espérance de vie particulièrement longue de ces populations. Les fruits rouges sont riches en polyphénols, connus pour leurs effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire, et le chocolat NOIR est non seulement riche en polyphénols, mais on a montré un effet favorable sur la pression artérielle.

Avons-nous pour autant suffisamment de données scientifiques pour affirmer qu’une consommation importante de ces trois types d’aliments, de façon isolée ou combinée, protège des maladies cardiovasculaires ?
La réponse est négative.

Nouvelle question : pourquoi les médecins, y compris les universitaires les plus hauts placés dans leur hiérarchie, s’acharnent-ils à se bercer d’illusions et à négliger de façon aussi vulgaire la Méthode Scientifique ?
Je n’ai pas de réponse à cette douloureuse question.
D’ailleurs, cette observation ne concerne pas que la question d’une nutrition protectrice, hélas : nous pouvons constater les mêmes défauts et mièvreries dans d’autres domaines de la médecine préventive.
Pour faire court la question du cholestérol et des statines en est un archétype !

Pour conclure, répétons-le encore : un seul modèle nutritionnel a été testé de façon répétée et scientifique, et a montré un remarquable effet protecteur contre de nombreuses maladies chroniques fatales, notamment les maladies cardiovasculaires et les cancers. C’est le modèle méditerranéen traditionnel !

Donc, si on veut se protéger de ces maladies, il n’y a pas le choix.
Peut-être qu’il y a d’autres modèles, mais ils n’ont pas été testés de façon satisfaisante ! Un modèle nutritionnel comporte de nombreux facteurs et interactions et ne peut évidemment pas se réduire à une question d’huile d’olive, ou de chocolat !
Ajoutons que les méditerranéens ne sont pas des grands consommateurs de chocolat et de « berries » !
Je n’ai pas écrit qu’il ne fallait pas en manger, j’ai seulement écrit que si par précaution on préfère un argumentaire élaboré et scientifique (en tenant compte des limites inhérentes à cette approche mais en sachant que nous n’avons pas mieux !), la question des « berries » et du chocolat est seulement hors sujet !