Protocole compassionnel (suite) et conflits d'intérêt

 
Le sujet compassionnel reste l’objet de discussion, notamment en oncologie et en particulier pour l’évaluation (rapport bénéfice/risque) des nouvelles chimiothérapies présentées parfois comme miraculeuses…
C’est pourquoi j’en rajoute une petite couche, comme disent les jeunes.
La dernière livraison d’un grand journal américain (JAMA Internal Medicine) revient sur les conflits d’intérêt chez les experts autorisant  l’évaluation (et/ou la commercialisation) de nouveaux médicaments anticancer. On voit que la question agite quelques neurones dans divers milieux…
Bon, qu’y lit-on ?
C’est là (désolé, c’est en anglais, faut vous y mettre, bientôt tout sera en Chinois) :
http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2484904
D’autre part, un site web américain (sponsorisé par l’industrie), appelé MEDPAGE TODAY reprend l’information et, curieusement, fait quelques commentaires disgracieux.
Encore en anglais : http://www.medpagetoday.com/PublicHealthPolicy/FDAGeneral/55951?xid=nl_mpt_DHE_2016-02-02&eun=g362928d0r
Je résume, pour ceux qui ne parlent ni l’anglais, ni le chinois.
Les conflits d’intérêts sont omniprésents [ce n’est pas 100% des votants, certes ; mais l’impression laissée c’est que ceux qui seraient indépendants (vraiment ?) servent uniquement de « caution » aux autres…] dans les comités d’expert pour introduire de nouveaux traitements anticancéreux sans respecter les règles basiques de l’évaluation (efficacité et toxicité). Sans parler du rapport coût/utilité.
Le sous-titre du deuxième article (sans entrer dans les détails) est éclairant : l’industrie se serait appropriée le micro… Oups !
Bref, on est loin de l’indépendance et de l’objectivité indispensables pour prendre des décisions difficiles et courageuses face à des pathologies et des souffrances majeures.
Ce ne serait pas un problème insoluble cette question des conflits d’intérêt si les données scientifiques produites dans ces conditions étaient de qualité.
Malheureusement, c’est le contraire : les sacrifices consentis en termes de rigueur scientifique ne sont pas payés en retour ; les patients n’en profitent apparemment pas beaucoup et généralement on n’apprend rien !
Pour ceux qui souhaiteraient mieux comprendre pourquoi les conflits d’intérêt sont finalement un problème secondaire dans les sciences médicales, je recommande de m’écouter attentivement lors d’une récente audition (en français) au Sénat où j’avais été (curieusement) convoqué au mois de Janvier. Erreur de casting (comme y disent au cinéma) ?
C’est là ; ça s’écoute, ça ne se lit pas, mais faut garder les yeux ouverts, ça vaut la peine, et pas pour ma belle chemise :
http://www.senat.fr/les_actus_en_detail/article/conflits-dinterets-en-expertise-sanitaire.html
Une fois qu’on a bien écouté et réfléchi, on me dit gentiment ce qu’on en pense !
Merci d’avance pour votre indulgence !