NOUVEAUX ANTICOAGULANTS : ALERTE ! ON FAIT PLUS D'INFARCTUS AVEC CES NOUVEAUX MEDICAMENTS !

Dans mon dernier livre, qui n’est certes pas un Précis de cardiologie, je parle quand même un peu des traitements médicamenteux que mes lecteurs sont susceptibles de se voir prescrire, et pas seulement des médicaments anti-cholestérol.
Je consacre en particulier un chapitre aux médicaments anti-caillot (anticoagulants et antiplaquettaires), et j’en recommande à tous la lecture urgente et attentive.
Je me permettais d’émettre quelques doutes vis-à-vis des nouveaux médicaments anti-caillot car d’une part je trouvais les données (dites scientifiques) fragiles et j’étais mécontent des relations décrites entre les investigateurs et les sponsors, qui restent suspectes, à mon humble avis, voire très suspectes ; décidément nos Autorités Sanitaires (les Hautes et les moins hautes) n’ont rien compris.
En conséquence, j’appelais les médecins et leurs patients à la plus grande prudence, tout en admettant que je manquais de données fortes pour les condamner d’emblée !
Restons modestes, sinon humbles …
J’étais un peu sur mon côté « subjectif », ce que je me pardonne car après 40 années de pratiques médicales, mon cerveau « subjectif » me parle parfois plus vite que mon cerveau « objectif », et je lui fais confiance … tout en me méfiant de lui …
Cette fois-ci, il a eu raison (mon cerveau « subjectif ») puisque après plusieurs années de commercialisation, on nous annonce qu’un des plus prescrits des « nouveaux anticoagulants », le Dabigatran (ou Pradaxa*) augmente de façon significative le risque d’infarctus du myocarde !

Par comparaison avec les anticoagulants classiques, et non par rapport à un placebo (très important à comprendre), cette augmentation atteint 30%, ce qui est loin d’être négligeable sachant que les sponsors ont probablement minimisé cet effet secondaire regrettable.
Pour ceux qui auraient des doutes à propos de que je dis, je recommande la lecture de l’analyse (plus les éditoriaux l’accompagnant) publiée dans le numéro du 12 Mars des Archives of Internal Medicine, probablement (et malgré ses imperfections) désormais le meilleur journal de médecine scientifique. Cette analyse vient après plusieurs rapports d’études citées dans cette analyse.
Est-ce totalement inattendu ?
Pas du tout ! Comme je l’explique dans mon dernier livre, trop d’anticoagulation inappropriée (trop forte et trop longtemps) peut effectivement accélérer le développement des sténoses (des plaques d’athérosclérose) dans les artères coronaires.
Je ne rentre pas dans les détails des mécanismes possibles ici mais les curieux trouveront de quoi se satisfaire dans mon livre.
Bon, on fait quoi maintenant ?
Facile, on demande à son médecin de revenir aux traitements conventionnels ! Ceux qui diminuaient le risque de caillot sans augmenter le risque d’infarctus.
Pour l’aider à se décider on lui donne l’adresse de ce Blog et si, arrivé à ce point de la conversation, il n’a pas encore avalé sa cravate, vous pouvez lui recommander de lire mes livres, surtout le dernier, « expresso » comme disent les jeunes qui aiment le café !
J’ajoute, pour terminer, que j’émettais les mêmes doutes (et j’appelais à la même prudence) à propos des nouveaux antiplaquettaires.
J’espère que je me trompais cette fois-ci.
Pas de panique pour le moment : je vous tiens au courant ; si toutefois vous supportez ma prose (d’une part) et que (d’autre part) ça ne vous agace pas trop que j’ai souvent (hélas trop souvent) raison longtemps à l’avance.