Maladies du coeur, vie sexuelle, et Viagra ou assimilés

 
La qualité de vie (au sens large) étant un aspect critique de la bonne santé (et de sa préservation) et une activité sexuelle satisfaisante (quelque soit sa forme d’expression) étant généralement considérée comme un aspect important de la qualité de vie, un médecin moderne doit « normalement » s’enquérir, avec délicatesse bien sûr, de la vie sexuelle de ses patients et même les encourager, voire les aider, à développer ou à maintenir une activité sexuelle satisfaisante.
J’ai écrit « délicatesse » mais j’ajouterais même, m’adressant aux jeunes médecins peu expérimentés, qu’il est préférable parfois de ne pas s’aventurer sur ces chemins escarpés ; pour toutes sortes de raisons aisément compréhensibles : par exemple, côté thérapeute, si on est une séduisante jeune diplômée (facile à comprendre) ; même chose d’ailleurs si on est un séduisant diplômé ; ou, côté patients, parce que chez certains la vie sexuelle est de la sphère strictement privée ou nul (y compris la Faculté avec un grand F) n’est habilité à pénétrer ; encore facile à comprendre…
Bien, sautons gaiement au-dessus de ces obstacles subalternes.
A partir d’un certain âge (quelques fois avant), beaucoup d’entre nous (aussi bien les couples que des individus dont la vie sexuelle est plus atypique, peu importe) voient leur vie sexuelle entravée par quelques difficultés qu’on peut qualifier de « mécaniques ».
Quelquefois, des mesures simples permettent de « guérir » le couple ; j’en ai parlé dans mon dernier opus [« L’horrible vérité sur…« ] et divers articles ; les visiteurs de ce blog savent déjà que les statines, via différents mécanismes additionnels, perturbent la vie sexuelle. C’est un exemple peu anecdotique puisque près de 7 millions de bons citoyens français sont devenus addicts de ces médicaments inutiles.
J’arrête ma statine ou bien « monsieur et madame arrêtent leur statines respectives » et tout redevient mieux. Parfois le retour à une vie sexuelle normale et satisfaisante doit être un peu « aidé » (je vais y revenir) et c’est là qu’un docteur un peu « inquisiteur » peut rendre de grands services.
Mais en dehors des statines, et outre l’âge, toutes sortes de circonstances peuvent inhiber la vie sexuelle. C’est dommage. Par exemple, certains patients atteints de pathologie cardiaque pensent que l’activité sexuelle peut être dangereuse pour eux.
Ces circonstances (où l’activité sexuelle doit être découragée) sont très rares ; mais il n’est pas inutile de prendre conseil auprès de son médecin.
Évidemment, j’exclus ici les situations extrêmes où les partenaires pourraient se livrer à des comportements dangereux : positions réservées à des athlètes gymnastes ou prises de stimulants illicites type cocaïne.
L’autre question est celle de la dangerosité potentielle des « aides » chimiques à l’activité sexuelle. l’exemple typique est le célèbre Viagra.
Il n’y a pas que le Viagra ; d’autres médicaments assimilés (par exemple le Cialis*) avec une activité biologique similaire [les experts parlent de « phosphodiesterase type 5 inhibitors » ou PDE5i ; peu importe] mais pas identique peuvent être très utiles (délai d’activité et rémanence différentes du Viagra) en fonction de la façon dont les acteurs veulent (ou peuvent) pratiquer leur sport en chambre. Inutile de prendre ces médicaments (car ce sont des médicaments) de façon chronique si l’opportunité d’une activité sexuelle satisfaisante ne se présente qu’une fois par semaine (retour d’un conjoint au bercail après déplacement professionnel obligé) ou une fois par mois ou par trimestre (weekend coquin). Certaines molécules sont plus adaptées que d’autres à certains types de « consommateurs » ou de consommation coquine
Un médecin (ou peut-être un sexologue) peut aider plutôt qu’une collègue de bureau…
Faut-il prendre des précautions avec le Viagra, le Cialis  ou autres molécules quand on a une pathologie cardiaque ?
Pour comprendre, il faut rappeler qu’initialement le Viagra devait être un médicament pour les cardiaques ; je simplifie bien sûr.
En fait, ce fut plutôt un échec et le Viagra fut abandonné comme traitement des cardiopathies ; sauf que les patients mâles rapportaient un effet inattendu : de belles érections !
C’est ainsi que, par hasard, survint une des plus belles découvertes médicales du 20ème siècle !
Piteux médicament pour le coeur, le Viagra permet désormais de sauver quelques animaux supposés détenir quelques aphrodisiaques substances. Avec le Viagra, on sauve quelques (cornes de) rhinocéros et quelques (ailerons de) requins…
Je conclus bravement : si on n’a pas de pathologie cardiaque très sévère et si on a une activité sexuelle « normale » [c’est-à-dire « modérée ; quoique je reconnaisse que ça n’ait pas beaucoup de sens…], il n’y a pas de contre-indication cardiovasculaire au Viagra ou au Cialis à doses modérées… à nouveau !
Mieux vaut quand même en parler à son médecin à condition qu’il ne soit pas pusillanime ou franchement « coincé » ; ça existe !
Bon vent, les amoureux !