Deuxième leçon de la crise COVID-19

La seule façon raisonnable d’évaluer l’efficacité réelle d’un traitement est de le comparer à un placebo.

Ce faisant, on fait la différence avec le bien connu « effet placebo » (dont le potentiel thérapeutique est faible, fragile et transitoire) et la véritable efficacité d’une molécule, chimique ou naturelle.

C’est le principe de l’essai clinique randomisé contre placebo et conduit, de préférence, en double aveugle.

Par la même occasion, on peut faire la différence avec le moins connu « effet magique » du docteur prescripteur puisqu’on travaille en aveugle.

Bon ! Il n’y a pas d’autres façons de faire, faut l’accepter et travailler !

Faute d’essais cliniques conduits par des vrais investigateurs (compétents en la matière) vraiment indépendants, on risque de ne raconter (et faire) que des bêtises ! L’exemple de la chloroquine puis du remdesivir sont éloquents : à ce jour (1er août 2020), il n’y a pas de traitement autre que symptomatique de la COVID-19.

Ce sont des évidences incontournables : « dura Lex, sed Lex ! » disait Cicéron, le grand poète vénézuélien du siècle dernier…

Si, cher lecteur, à ce stade vous êtes perdu, allez à la piscine ou à la plage ; je crains de vous ennuyer ou de vous angoisser…

La COVID-19 nous a apporté, dans ce contexte, une image déplorable des mondes universitaires et académiques. Je ne parle pas des médias professionnels ou généralistes ; de ce côté-là, il n’y avait rien à espérer !

Certes, et c’est là un problème crucial pour les médecins responsables et avisés, les essais cliniques [je veux parler des bons ; et bien menés seulement] ne répondent pas à toutes les questions soulevées par un nouveau traitement.

Chaque patient est un cas particulier et beaucoup finalement ne rentrent pas dans le cadre spécifique déterminé par les essais cliniques. En effet, ces derniers sont conduits (quand ils sont bien conduits) pour tester des hypothèses spécifiques et étroites par rapport à la multitude des cas cliniques que nous, médecins, nous devons traiter.

C’est ici que le médecine devient un art : comment un médecin qui comprend les bases scientifiques de la médecine [c’est hélas rare dans nos hôpitaux universitaires et rarissimes en libéral] s’adapte quand même aux circonstances cliniques individuelles ? Il est obligé là de « sortir » du cadre strict des essais clinique qui lui servent de références ! Bon voyage, les amis !

Outre une bonne connaissance des essais cliniques référents [pour en identifier les limites], il lui faut une longue expérience de terrain. Bon voyage, l’ami !

Pour tenir son pari avec une bonne probabilité de réussite (dans l’intérêt des patients qui se confient à lui), il y a une condition absolue : avoir compris ce qui précède et donc agir avec prudence et humilité. Pas à pas, un pas en avant, un pas en arrière…

C’est ici que jaillit la deuxième leçon de la COVID-19 : je suis désolé de dire que le spectacle qui nous a été donné par les élites médicales académiques et universitaires de ce pays fut pitoyable ; et plus le temps passe et plus c’est pire avec une sorte de sommet quand ces messieurs-dames parlent du futur vaccin antiCOVID…

Parmi ceux qui s’obstinent à s’exprimer dans les médias, aucun (à mon avis) n’est digne de confiance !
Ils sont tous grosso modo du niveau des experts autoproclamés qui sur les réseaux sociaux décrètent chaque jour de nouvelles vérités. C’est peu de dire que les uns ne rattrapent pas les autres !

Ça ne veut pas dire que toutes les élites du pays sont de cette sorte, bien sûr. D’autres [j’espère beaucoup…] restent silencieux et attendent ; certains sans doute travaillent à produire des données solides.

Car le mieux que nous ayons à faire est d’attendre patiemment qu’un peu de lumière vienne éclairer le champ de bataille. Donc en dire le moins possible en attendant ! Rester discret ! C’est hélas impossible pour certains…

La recherche médicale, seule façon de lutter efficacement et éthiquement contre la COVID-19, avance lentement, très lentement : elle est longue, lente et redondante (et jouissive pour qui sait apprécier), un peu comme une symphonie de Mahler.

Le 5ème mouvement de la 3ème symphonie en ré mineur fait plus de 25 minutes !

Une orgie de musique romantique :

Un conseil de vieux prêtre : si vous allez directement au 5ème mouvement, faites un arrêt-pipi au 3ème mouvement pour écouter les 8 minutes de la mezzo-soprano…

Bon, chacun ses goûts, certains préfèrent le rock…