Cholestérol, traitements anti-cholestérol et cancers

L’association entre cholestérol abaissé et cancers est-elle due au hasard ?

CHOLESTEROL, TRAITEMENTS ANTI-CHOLESTEROL ET CANCERS
INTRODUCTION
Au cours des deux dernières années, de nouvelles et sombres « affaires » à propos du cholestérol et des traitements anti-cholestérol, témoignant de nouveaux dérapages scientifiques et éthiques des industriels et leurs alliés, indiquent que, malgré des tentatives d’étouffement, la situation ne s’améliore pas et que le public et les patients sont victimes d’une véritable mascarade scientifique et médicale. En vérité, je ne pensais pas qu’en si peu de temps autant de données nouvelles viendraient effectivement confirmer qu’il ne sert à rien de diminuer son cholestérol pour protéger son cœur et ses artères et que les médicaments anti-cholestérol aient autant d’effets collatéraux pernicieux. On peut dire aujourd’hui, par exemple, que les statines réellement empoisonnent les muscles, favorisent les cancers et altèrent les tests d’intelligence.
Le plus étonnant c’est que toutes ces données horribles remontent maintenant à la surface, c’est-à-dire que ceux qui les détiennent (et qui pourraient les cacher) les laissent passer. Certes, nous voyons encore de calamiteuses tentatives de désinformation du public et des médecins mais, par rapport à la décade précédente, il est clair que certains prennent peur, que les langues se dénouent et que de plus en plus de données réelles nous parviennent, nous permettant une analyse partiellement indépendante.
Ceci dit, les enjeux économiques et financiers sont tellement énormes qu’il fait peu de doutes à mon avis que les prochains épisodes de la « saga des statines » seront beaucoup plus difficiles à interpréter. La dernière affaire concerne les médicaments anti-cholestérol et le risque de cancers. Elle fait l’objet de la suite de ce texte.
Qu’est-ce que l’étude SEAS ?
L’essai SEAS a été conduit chez des patients porteurs de pathologie de la valve aortique. On espérait en diminuant leur cholestérol ralentir l’évolution de la pathologie valvulaire.
Sans discuter la base physiopathologique de l’implication très hypothétique des taux sanguins de cholestérol dans ces pathologies, il faut noter que les patients inclus dans SEAS sont en général relativement âgés (une moyenne d’âge de plus de 67 ans) et c’est précisément dans ces classes d’âge que les essais antérieurs avec les statines avaient déjà montré une augmentation des cancers.
Qu’a montré SEAS ?
De façon indiscutable, l’essai n’a pas montré d’effet favorable sur les pathologies valvulaires, et pas non plus sur les pathologies artérielles et cardiaques. La diminution du cholestérol dans le groupe traité par une combinaison de statine et d’ézétimibe atteignait pourtant plus de 60% par rapport au groupe recevant le placebo. Comme cet essai, bien que destiné prioritairement à l’étude des pathologies valvulaires aortiques, impliquaient des patients à risque élevé d’infarctus, il peut être assimilé à un essai de prévention de l’infarctus et du décès cardiaque. Comme tel, il constitue un échec majeur pour les traitements anti-cholestérol et pour la théorie du cholestérol en général, d’autant plus qu’autant essai antérieur n’avait obtenu une diminution aussi importante du cholestérol sur près de 5 ans.
Peu de commentateurs et éditorialistes se sont arrêtés sur cet aspect crucial de l’essai SEAS, tout préoccupés qu’ils étaient par un autre résultat de l’essai : une augmentation de 50% des cancers dans le groupe traité.
Pourquoi cette augmentation des cancers n’était pas inattendue ?
Parce que la saga du cholestérol, dans les aspects épidémiologiques (observation des populations) comme dans les essais cliniques, a toujours été associée à la question des cancers.
De nombreuses études épidémiologiques ont en effet montré que les sujets avec un cholestérol bas avaient une espérance de vie inférieure à ceux qui avaient un cholestérol élevé ou modérément élevé (c’est la fameuse courbe en J ou en U des épidémiologistes) ; et cela était dû en général à un surcroît de cancers.
Les lipidologistes attribuaient cette observation à l’existence de cancers souterrains et silencieux qui étaient la cause du cholestérol abaissé tandis que d’autres prétendaient que la diminution du cholestérol, quelque soit le mécanisme, était un des facteurs favorisant les cancers.
Quoique d’un point de vue clinique, la seconde hypothèse ait été la plus probable, les experts n’ont jamais pu se mettre d’accord ! Il était pourtant clair depuis longtemps que lorsque l’on administre un médicament anti-cholestérol, y compris une statine, à des animaux, on augmente la prévalence des cancers chez ces animaux !
De plus, dès les premiers essais cliniques chez les humains avec des diététiques ou des médicaments anti-cholestérol, on avait effectivement observé plus de cancers dans les groupes dont le cholestérol était diminué. L’Etude de Los Angeles ou les essais avec les fibrates (une classe de médicaments anti-cholestérol aujourd’hui peu utilisés) sont à cet égard exemplaires.
Mais les essais avec les statines ont donné aussi des résultats très inquiétants, et ceci à chaque vague d’assaut des statines, parfois avec des temps d’exposition très brefs comme dans l’essai PROSPER.
Les résultats de SEAS concernant les cancers ne peuvent donc étonner que ceux qui ne connaissaient pas, ou voulaient oublier, les résultats très inquiétants des études et essais antérieurs.
L’augmentation des cancers ne serait donc pas due simplement au hasard comme le laissent entendre les auteurs ?
Dans le cadre d’un essai avec tirage au sort, une procédure destinée à maîtriser l’effet du hasard, il est incongru de prétexter un effet du hasard pour s’abstenir de prendre au sérieux une complication survenant de façon plus fréquente dans le groupe recevant le médicament.
Pire que cela, l’essai n’ayant pas été conçu pour détecter un effet du médicament sur les cancers, il manque fondamentalement de puissance statistique pour montrer une différence en termes de cancers. En conséquence, la mise en évidence de cet excès de cancers est extrêmement inquiétante. Les commentaires des auteurs sont à cet égard d’une terrible légèreté, probablement influencés par le sponsor.
Un article d’analyse sur la question des cancers et des traitements anti-cholestérol a été publié dans le même numéro du New England Journal of Medicine décrivant SEAS et banalisait aussi ces données sur le cancer.
Cela confirme, s’il en était besoin, qu’il existe une collusion entre les industriels et certains experts. Il faut savoir que l’auteur de l’article (un épidémiologiste qui dirige un Laboratoire de l’Université d’Oxford) a passé des faramineux contrats avec l’industrie (représentant des centaines de millions de Livres sterling) pour étudier les médicaments anti-cholestérol mis en cause par l’essai SEAS. Il est donc essentiel pour lui de minimiser ces données sur les cancers car ils mettent en danger la pérennité des essais en cours et donc ces contrats.
Le conflit d’intérêt est évident.

Continuer des essais cliniques avec ces médicaments alors que les effets cardiovasculaires sont insignifiants et que les données sur les cancers sont très inquiétantes me paraît éthiquement scandaleux car les patients deviennent des cobayes. Ils n’ont en effet aucun bénéfice à attendre de leur participation à ces essais. Notre grand épidémiologiste le sait (quoiqu’il ne soit pas médecin) et sa seule échappatoire est d’essayer de minimiser les données sur les cancers.
Nous devons alerter l’opinion pu
blique sur des pratiques qui déshonorent les scientifiques et les médecins.
Face à de tels résultats, les personnes qui prennent Inegy* (le médicament testé dans SEAS) ont de quoi être inquiètes. Que peut-on leur conseiller ?
De sortir immédiatement de tous les essais testant ce médicament (si ils participent à un de ces essais) ou d’aller immédiatement discuter avec leur médecin pour envisager l’arrêt de leur traitement. Mais le problème est plus large car Inegy* est une association de deux molécules dont une statine. Or, dans les essais précédents, c’est avec des statines qu’on avait vues plus de cancers. La problématique du cancer ne concerne donc pas seulement Inegy*, mais tous les médicaments anti-cholestérol. Des expériences sur l’animal avaient d’ailleurs montré que TOUS les médicaments anti-cholestérol favorisent la survenue de cancers.
Pourtant dans l’étude SEAS, la baisse du taux de cholestérol a été spectaculaire : 61% ! Le cholestérol est considéré comme un facteur majeur de risque cardiovasculaire, comment expliquer qu’il n’y ait eu aucun bénéfice sur la santé cardiovasculaire justement ?
En même temps que sortaient les résultats négatifs de SEAS (en termes de santé cardiovasculaire), un autre essai testant la rosuvastatine dans l’insuffisance cardiaque (dont la cause était un infarctus dans une forte proportion de cas) était publié (GISSI-HF) et s’avérait également totalement négatif.
Autrement dit, deux essais que je n’avais pas pu commenter dans mon livre cholestérol, mensonges et propagande puisqu’ils n’étaient pas encore divulgués au moment où le livre était à l’imprimerie sont venus confirmer que diminuer le cholestérol ne servait à rien pour protéger son cœur.
C’est toute la théorie du cholestérol qui s’effondre sous nos yeux !
Ceci dit, ces deux essais ont été conduits par des équipes relativement marginales dans le grand concert (et mascarade) du cholestérol et il serait étonnant que les grands groupes abandonnent aussi vite la partie, comme l’a montré la tentative ridicule de l’épidémiologiste d’Oxford de faire croire que les données sur les cancers n’étaient pas en prendre au sérieux.
Le prochain épisode s’appelle JUPITER, j’en reparlerai au moment de sa publication. Nul doute que des miracles vont nous être annoncés.
Toutes les statines sont donc à mettre dans le même panier ?
Et aussi tous les autres traitements et diététiques anti-cholestérol car si on peut sans doute identifier des médicaments anti-cholestérol plus cancérigènes que les autres, c’est aussi et surtout le fait d’avoir un cholestérol bas qui favorise les cancers, quelque soit la façon dont ce cholestérol a été abaissé. Jusqu’à preuve du contraire, et conformément au Principe de précaution, je pense qu’il faut admettre que tous les traitements anti-cholestérol favorisent les cancers, et d’autant plus que l’on s’acharne plus à diminuer le cholestérol.
Il faut bien comprendre que les excès de cancers dans les essais cliniques surviennent après moins de 5 ans de traitement (moins de 3 ans dans l’essai PROSPER) ce qui est extrêmement bref. En effet, à titre d’exemple, il faut 10, 15 ou même 20 ans d’exposition à des puissants agents cancérigènes comme le tabac ou l’amiante pour voir cliniquement leurs effets. En données cliniques brutes et en caricaturant ces résultats, on peut donc dire que les traitements anti-cholestérol sont 3 à 5 fois plus cancérigènes que le tabac ou l’amiante.
Il faut enfin savoir que l’on meurt des cancers dans nos pays beaucoup plus jeune que quand on meurt d’une attaque cardiaque. Autrement dit, en espérant se protéger avec les statines d’un infarctus à 70 ans, ce que l’on fait vraiment c’est précipiter son risque de cancer à 50 ou 55 ans ! Il faut expliquer cela clairement au public et aux citoyens !
Comment a-t-on pu se tromper à ce point sur le cholestérol ?
C’est une longue histoire et c’est précisément ce que j’ai voulu raconter dans mon nouveau livre cholestérol, mensonges et propagande.
Dans mon livre précédent Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent, je m’adressais plutôt aux patients et à leurs médecins et je voulais rester médical et scientifique de façon presque exclusive. Mais cette question touche en fait aux fondements du fonctionnement économique et social de nos sociétés ! Mon nouveau livre veut donc s’adresser à tous les citoyens pour qu’ils comprennent les tenants et aboutissants sociétaux de la question du cholestérol.
Aujourd’hui que peut-on conseiller à quelqu’un qui a un cholestérol élevé ou qui a eu un infarctus ? Plus nous travaillons ces questions, plus nous avons des données récentes et propres (du fait des lamentables affaires de fraudes et falsifications médicales et scientifiques et qui incitent les investigateurs et rapporteurs des données des essais à la plus grande prudence aujourd’hui), et plus nous prenons conscience que nous avons été victimes avec le cholestérol de la plus rocambolesque arnaque médicale et scientifique jamais perpétrée dans des sociétés post-modernes.
Tous les dogmes, et recommandations dites officielles, sur lesquels sont basées les pratiques médicales actuelles (avec environ 7 millions de consommateurs plus ou moins réguliers de statines en France) doivent être rediscutées EN URGENCE par de vrais experts libres de tout conflit d’intérêt et indépendants de l’industrie pharmaceutique et de l’agrobusiness.
Actuellement les données scientifiques justifiant de diminuer son cholestérol ou de prescrire des statines après un infarctus (ou chez des diabétiques par exemple) sont de la plus extrême fragilité et, pour le dire vraiment, pas crédibles du tout !
Inversement, nous avons parfaitement ce qu’il faut faire pour protéger son cœur. Et la protection obtenue, sans être totale évidemment, est extraordinairement forte.
Je m’en explique dans mes différents livres, mais la trame de cette stratégie repose sur le mode de vie :
– pas de tabac et essayer de minimiser toutes les formes de pollution atmosphérique
– exercice physique et musculaire optimal
– adoption d’une diète dite “méditerranéenne” dont le concept recouvre en fait tous les grands aspects d’une diète cardioprotectrice.