LE MEDIATOR ET LA REVUE PRESCRIRE : EN RETARD D'UNE GUERRE !

La tragédie du Médiator fait l’objet de nombreux commentaires dans divers médias.

Comme à propos de la faillite des banques dans la crise que l’on sait, les experts les plus « donneurs de leçons » (voire les plus arrogants) sont précisément ceux qui auraient dû, de la place où ils étaient (et le sont encore), donner l’alerte et agir vigoureusement !

Dans une société vacillante où chacun a surtout peur de son ombre, aller contre le courant dominant signifiait prendre un risque, pensaient-ils, et ils ne le firent point. 

Aujourd’hui, il est temps de dire tout ce que l’on a grandement pensé, sans dire ni agir.

Comme le calamar pour échapper à ses prédateurs supposés, il est en effet urgent de larguer des nuages de fumée dissimulatrice.

Toutefois, deux articles sont plus intéressants que les autres et méritent attention :

1- celui de Formindep (#article397) qui sous le titre « Il y aura d’autres  Mediator » fait utilement le point sur l’état des forces qui encombrent le champ de bataille. Merci Formindep !

2- celui du Directeur de la rédaction de la revue Prescrire qui dans le journal LE MONDE du 11 Décembre et sous le titre « Evitons une autre affaire Mediator ! En s’appuyant sur les essais cliniques » laisse penser qu’on aurait pu l’éviter.

La revue Prescrire essaie courageusement depuis plusieurs décennies d’informer les médecins sur l’état des connaissances médicales (notamment en thérapeutique) et son principal argument a toujours été de s’appuyer sur les résultats des essais cliniques.
Cette approche a eu son heure de gloire, approximativement jusqu’au milieu des années 1990s, à des époques désormais révolues où l’industrie du médicament (et les Autorités dites compétentes) se permettaient de commercialiser des médicaments sans le moindre début d’arguments scientifiques ou médicales recevables le justifiant. Prescrire eût donc son heure de gloire !

Mais, les industriels se sont depuis longtemps adaptés à cette contrainte et conduisent des vrais essais cliniques pour expliquer tous les miracles que l’on peut attendre de leur nouveaux médicaments. Ce fut souvent vrai !

Mais depuis que les entreprises sont gérées par des financiers et que le but principal est de générer des profits (ou des retours sur investissements comme on voudra), les essais cliniques ne servent plus que le marketing : ils sont dès lors très souvent biaisés, voire falsifiés, afin de répondre à l’objectif qui leur est assigné, obtenir une autorisation de mise sur le marché !
On dit AMM entre pros.

Avec cette nouvelle « race » d’essais cliniques (auxquels nous avons nous-mêmes longtemps cru, naïfs que nous étions !), le plus important maintenant c’est d’identifier les biais qui sont habilement introduits pour tromper les lecteurs et tous les faux experts.
Ce que les rédacteurs de Prescrire ne savent pas faire ! 

Pas une semaine sans un nouveau scandale, notamment aux USA, et généralement peu répercuté par les médias français qui ronronnent sur les bords de Seine.

Les antidiabétiques, les anti-obésité, les antidépresseurs, les anti-inflammatoires, les anti-cholestérol (voir les affaires VIOXX, AVANDIA, ACCOMPLIA, JUPITER, ENHANCE, et bien d’autres, commentées (ou non) sur ce blog ou dans mes livres).

Si il y a bien naufrage de la santé publique comme certains le disent, il y a aussi, et intimement mêlé, naufrage de la médecine scientifique avec la complicité (intentionnelle ou non, le concept mériterait d’être discuté) de nombreux universitaires et Sociétés Savantes nationales et internationales …

Désolé, Monsieur et Madame Prescrire, vous n’y pourrez rien, les essais cliniques non plus, d’autres Médiators attendent, et les prochains sur la liste pourraient bien être les médicaments anti-cholestérol !

Bon entendeur !