Fractures osseuses : manger végétarien (ou végan) ou adopter une diète méditerranéenne ?
Être végétarien ou végan n’est pas nouveau. Aux USA et au Royaume-Uni, depuis des siècles certains groupes religieux font de leur habitudes alimentaires végétariennes un indice de piété.
Mais il y a aussi, notamment dans la jeunesse, y compris chez nous, des nouveaux végétariens !
Certains sont végétariens ou végans par nécessité dans les pays en développement ; d’autres le sont par conviction : pas de viande (ou pas de cadavre), pas de poisson, pas d’œuf, pas de produits laitiers, et pour les plus affirmés pas de miel !
Dans les deux cas, ce sont des populations particulières qu’il est difficile de comparer avec des non-végétariens.
De fait, les données scientifiques concernant les effets sur la santé des régimes végétariens ou végans sont difficiles à produire et encore plus à analyser ; par la simple évidence, que les populations témoins (ou contrôles) ne sont pas comparables aux populations végétariennes et végans.
Des statisticiens peuvent essayer d’ajuster [je ne rentre pas dans les détails des processus (contestables) d’ajustement] leurs calculs en fonction de ces différences entre populations, on ne peut jamais avoir des groupes similaires comme on peut les obtenir avec un tirage au sort dans des essais randomisés prospectifs.
Tout ça pour dire qu’il faut prendre toutes les données épidémiologiques sur les végétariens et les végans avec beaucoup de prudence. Par exemple, je n’ai jamais pu valider ces régimes pour la prévention des maladies cardiovasculaires.
Faut-il rejeter toute les études examinant la santé de végétariens ? Sans doute pas, mais il faut être très attentif…
Par exemple, il est possible que ceux qui ne mangent pas de viande fassent moins de cancers du côlon que les mangeurs de viande ; mais pour la prévention des cancers et des maladies cardiovasculaires, il est hautement préférable d’adopter une diète méditerranéenne. Et les méditerranéens ne sont pas végétariens : ils mangent de la viande (pas beaucoup), du poisson, des œufs et des produits laitiers fermentés.
Une étude récente concernant les végétariens a attiré mon attention. Pour une fois, elle rapporte des effets négatifs des régimes végétariens et végans. D’habitude, les auteurs des études sur les végétariens (souvent végétariens eux-mêmes) ne rapportent que des effets bénéfiques !
Sans entrer dans les détails, je note que les végétariens, et les végans encore plus, ont un risque plus élevé de fractures osseuses en général, et en particulier de fractures de la hanche (la célèbre fracture du col du fémur) par rapport aux mangeurs de viandes.
L’étude est anglaise (ce qui est déjà un biais) ; mais la cohorte est importante (des dizaines de milliers d’individus) et un suivi moyen plutôt long, 17,6 années.
En un mot, par rapport aux mangeurs de viande anglais, les végans ont 15 fois plus de fractures. Certes les mangeurs de viande anglais ne sont pas méditerranéens et je ne les prendrais pas en exemple non plus.
Ce qui me conduit à la question suivante : les méditerranéens ont-ils moins de risque de fractures que les non-méditerranéens ?
La question a été posée il y a quelques années par un groupe d’investigateurs Européens. L’étude est intéressante bien qu’il n’y ait pas de tirage au sort. L’échantillon est considérable et le suivi important.
L’effet protecteur n’est pas fulgurant mais il apparait clairement que les méditerranéens ont de meilleurs os que les autres.
Moins d’infarctus, moins d’AVC, moins de cancers, moins d’Alzheimer, moins de dépression et moins de fractures !
Qu’est-ce que vous attendez ?
Vous ne savez pas comment commencer ?
Une première piste ci-dessous ; et si ça ne suffit pas, appelez-moi, je vous aiderai !
Je viens de recevoir « Les savoureuses recettes du régime méditerranéen » coécrit par le célébrissime et deux fées. Je recommande ce n’est pas de la daube. Les recettes sont claires et précises. Ça déchire gravissimo , Dottore, grazie mille! Pour ceux qui savent l’italien je leur conseille « Quando si mangiava insieme » du beaucoup moins célèbre Pr. Carmine Macchione , en complément sympathique.
Texte de l’étude :
« Compared with meat eaters and after adjustment for socio-economic factors, lifestyle confounders, and body mass index (BMI), the risks of hip fracture were higher in fish eaters (hazard ratio 1.26; 95% CI 1.02–1.54), vegetarians (1.25; 1.04–1.50), and vegans (2.31; 1.66–3.22), equivalent to rate differences of 2.9 (0.6–5.7), 2.9 (0.9–5.2), and 14.9 (7.9–24.5) more cases for every 1000 people over 10 years, respectively. »
Comment comprendre cette analyse ?
Le hazard ratio est de 2.31 pour les vegans par exemple : donc 2.31 fois plus de chance d’avoir ce problème.
Le « 14.9 more cases for every 1000 people » voudrait dire qu’il y aurait 14.9 cas supplémentaires de fractures pour 1000 patients en 10 ans.
Vous dites que les vegans ont 15 fois plus de fractures dans votre texte .
Ma fille, végétarienne, m’affirme que vous vous exagérez la différence.
Le terme » rate differences » me pose problème. Que veut-il dire exactement ?
Merci d’avance pour vos éclaircissements.
Il faudrait un cours d’épidémiologie pour expliquer ces chiffres.
Le secret c’est qu’il s’agit de comparaison entre groupes, il n’y a pas de groupe témoin/placebo !
Chaque groupe est est le témoin d’un autre groupe !
Vous mettez le doigt sur la faiblesse intrinsèque de l’épidémiologie d’observation !
Seuls les essais cliniques peuvent démontrer des relations de cause à effet avec une comparaison avec un vrai groupe témoin !
Il n’empêche que cette étude montre que les végétariens ont des os fragiles… Laissez tomber les chiffres !
Il a toutes les qualités régime méditerranéen…
https://www.vitisphere.com/actualite-93118-Des-composes-du-raisin-bloquent-une-enzyme-cle-du-virus-de-la-covid-19-.htm
Ça fait partie des « trucs » qui pourraient expliquer pourquoi les asiatiques de l’Est (mais pas ceux du Sud) pourraient être protégés…
Merci pour ce lien très intéressant.
Ca me permettra à l’occasion d’argumenter pas tant envers des personnes végétariennes ultra impliquées et renseignées, qui n’en démordront pas, mais plutôt auprès de personnes végétariennes encore hésitantes et qui ont tendance à citer le livre de Campbell à tour de bras pour les aspects santé, parfois sans trop de recul.
Histoire de ne pas être toujours d’accord à 100 % avec ce qui se dit ici : je reste, j’avoue sans aucun argument autre que des impressions au gré de d’expérimentation perso, de lectures, témoignages et rencontres, persuadé que l’alimentation Seignalet, c’est à dire quelque chose de proche de l’alimentation traditionnelle japonaise, peut faire aussi bien que l’alimentation méditerranéenne pour toute l’architecture osseuse :
directement (équilibre dynamique maintenu entre la formation et la résorption osseuse)
ou indirectement (par amélioration de tendinites, d’arthrose, de maladies auto-immunes qui touchent les articulations – encore du témoignage récent de rémission durable pour une Polyarthrite rhumatoïde – bref de beaucoup parmi ce qui empêche le mouvement qui serait l’autre facteur principal de la solidité osseuse).
Mais pas la moindre étude clinique à se mettre sous la dent, ce qui est frustrant au regard des potentialités et de la concordance des témoignages.
C’est un produit d’origine animale !