Les fromages sont-ils bons pour la santé ?

Il n’aura pas échappé à la majorité d’entre nous que les fromages font ces jours-ci l’objet de beaucoup de discussions, y compris parmi les scientifiques ou d’autres supposés l’être.

Pendant des décennies, les produits laitiers (lait, beurre, fromages) ont été accusés d’augmenter le cholestérol et donc, pour les conventionnels, d’augmenter le risque cardiovasculaire.

Depuis des dizaines d’années, je n’ai cessé (avec d’autres aujourd’hui disparus pour la plupart) d’appeler à la prudence à propos de cette théorie vaseuse du « cholestérol qui bouche les artères ».

Outre que le cholestérol est innocent (1er point non négligeable), nous disions qu’il fallait faire la différence entre les différents produits laitiers : les fromages et les yaourts ne sont pas du lait et encore moins du beurre ou de la crème.

Il est difficile pour des professionnels de santé et des médias qui n’ont pas d’instruction en nutrition de comprendre ce message.

Nous avons essayé plusieurs types de raisonnement pour franchir le mur de l’inculture.

Par exemple, nous avons expliqué que les habitudes alimentaires méditerranéennes – hautement protectrices ; ce que personne ne conteste – sont caractérisées par une forte consommation de fromages ; ce qui suggère (évidemment) que les fromages ne sont pas dangereux ; bien qu’eux-aussi augmentent le cholestérol !

Nous insistions aussi sur le fait que tous les fromages ne sont pas équivalents et que tous les mangeurs de fromages ne sont pas identiques. Un britannique mange (parfois) son cheddar et son beurre et boit du lait de vache tandis qu’un grec (traditionnel) mangeait sa feta (avec presque chaque plat ; donc en quantités astronomiques) mais ne connaissait pas le beurre et la crème. L’italien moyen (du sud) consommait son parmesan presque à chaque déjeuner et dîner mais ignorait le beurre et la crème. Quant aux français (plutôt du sud) ils devaient choisir « fromage ou dessert » ce qui dit beaucoup des habitudes alimentaires de nos concitoyens.

Nous avions un autre argument (moins connu et moins exploré) : le gras du fromage est moins bien absorbé (dans le tube digestif) que le gras du beurre, par exemple. Dit autrement, les crottes d’un animal nourri avec du fromage sont beaucoup plus grasses que les crottes de ceux nourris avec du beurre (en quantités égales). Il n’y a pas d’explication claire (à mon avis) mais c’est un fait démontré, au moins chez l’animal.

C’est dans ce contexte un peu confus et « anesthésié » que sont apparues plusieurs études vantant les mérites des fromages.

Ah !

Comme quoi il ne faut pas désespérer…

Je ne vais pas discuter chacune de ces études à propos desquelles il y aurait beaucoup à dire sur le plan méthodologique ; mais (point important), elles sont concordantes et je ne vois pas de subtiles conflits d’intérêt qui « encourageraient » les auteurs à jouer de leurs pipeaux en faveur des fromages…

Je ne vais donner que deux exemples (parmi d’autres) et je laisse chacun conduire sa propre enquête. Je donnerai une conclusion utile au moment des fêtes de fin d’année.

La conclusion des auteurs : « Current evidence suggests that dairy consumption, particularly cheese,
may have protective effects against CVD and stroke« .

Une analyse de cette étude montre que réellement les fromages consommés dans divers pays, notamment en Chine et au Royaume-Uni, sont associés (une fois tenu compte d’une multitude de facteurs de confusion ; un chinois n’est pas un anglais ; et pourtant…) à une diminution notable du risque cardiovasculaire, malgré un effet bien connu sur le cholestérol.

Je cite une autre étude conduite en Suède (sur 25 ans) où les auteurs ont comparé des forts et faibles consommateurs de cheddar pour le risque de démences, notamment Alzheimer.

Je recopie la conclusion des auteurs : « Higher intake of high-fat cheese was associated with a lower risk of all-cause dementia« .

A nouveau, nous pourrions discuter la méthodologie – analyse observationnelle et rétrospective notamment – mais l’échantillon est important et la durée du suivi (25 ans) aussi.

Surtout, ces données « nouvelles » sont en pleine harmonie avec les nos anciennes connaissances résumées (rapidement) au début de cet article…

Bref, nous assistons (dans de grandes revues médicales) à une inversion des messages longtemps formulés et transmis par des scientifiques supposés sérieux. Il s’agit probablement d’un changement de générations : les « nouveaux » n’ont pas les obsessions de leurs prédécesseurs… Hum !

En bref, le fromage augmente le cholestérol mais diminue le risque cardiovasculaire et le risque de démences !

Peut-on avoir plus claire démonstration que le cholestérol est innocent ?

Conclusion générale : pour les fêtes (et repas familiaux) de fin d’année, n’hésitez pas sur les fromages. Ils ne vous feront pas de mal même si (et peut-être surtout) parce qu’ils augmentent votre cholestérol.

Et, s’il-vous-plaît, ne taquinez pas votre beau-frère ou votre mamie parce qu’ils arrosent ce fromage de quelques bons nectars des vignes ; même s’ils disent des bêtises à propos des vaccins, de la grippe et autres flambées (ravageuses) de coqueluche !