LES OMEGA-3 : CONFUSION, INCOMPREHENSION ; ET NOS EXPLICATIONS !
Les acides gras oméga-3 font l’objet de nombreuses études et publications chaque semaine et cela engendre plus de confusion et d’incompréhension que d’information objective.
Pour tenir le rythme, il me faudrait faire un billet sur les oméga-3 chaque semaine, ce qui est évidemment impossible.
Un brève mise au point maintenant.
Quand l’actualité des médias parlent des oméga-3, on parle uniquement des oméga-3 marins, et on oublie les oméga-3 végétaux ; c’est crucial !
Venons-en à la confusion actuelle ; elle est source d’incompréhension si on ne suit pas les péripéties et si on ignore l’historique !
Laissons de côté les péripéties et concentrons-nous sur l’historique. Comme d’habitude, seule la connaissance du passé permet de comprendre le présent ! C’est vrai des oméga-3 comme du reste.
Au début des années 1990s, des investigateurs (dont notre équipe) ont montré que :
1) les populations occidentales étaient déficitaires en oméga-3 ;
2) la correction de ces déficits entraînait une remarquable diminution du risque cardiovasculaire, entre autres bienfaits sur la santé …
Pendant les années 2000s surtout, ces idées ont été reprises partout et on a assisté à trois phénomènes :
1) une augmentation considérable de la consommation de poissons ;
2) la commercialisation universelle de capsules d’huiles de poisson, un lucratif petit business …
3) un effondrement consécutif des réserves halieutiques, une catastrophe écologique supplémentaire !
Et pendant ce temps, des investigateurs un peu naïfs (généralement incultes en nutrition, mais soutenus par l’industrie du poisson et des huiles de poisson) ont voulu consolider la théorie que les oméga-3 (mais seulement les marins, les végétaux ils s’en « foutent » …) sont excellents pour la santé cardiovasculaire. Ils ont conduit des essais cliniques testant l’efficacité des capsules d’huile de poisson contre les complications cardiovasculaires. Ils étaient pressés et ces essais sont généralement trop courts et recrutent des trop petites cohortes de patients ; quoique souvent à risque élevé (des survivants d’infarctus par exemple) et qui ont donc généralement « entendus » que le poisson et les huiles de poisson sont bons pour eux … et ils en consomment évidemment !
Résultats de ces essais trop courts et conduits chez des patients qui n’étaient plus déficients en oméga-3 : échec !
Ce qui n’est pas étonnant !
A titre d’exemple, des « brillants » investigateurs français ont testé des capsules d’oméga-3 marins chez des survivants d’un infarctus ; et ils ont mesuré les oméga-3 marins dans le sang de leurs patients. Les patients qui recevaient le placebo avaient des concentrations d’oméga-3 marins supérieures à celles des patients que nous avions supplémenté en oméga-3 (végétaux) dans nos études des années 1990s … Autrement dit, les patients et leurs familles n’avaient pas attendu ces « nouveaux » investigateurs pour corriger leurs déficits …
Un autre phénomène est venu amplifié la difficulté de montrer les bienfaits des oméga-3 : entre les années 1990s et les années 2000s, les patients à risque se sont vus prescrire massivement des statines ; et ces statines inhibent les oméga-3 (voir le billet que j’ai consacré à cette question (NDE en Avril ; voir les Archives ou cliquez ici) !
Dernier épisode de la saga, des statisticiens (qui n’ont apparemment rien de mieux à faire entre les repas) ont fait des synthèses des essais positifs (anciens) et négatifs (récents) testant des capsules d’huile de poisson et n’ont trouvé que des bénéfices marginaux de cette supplémentation en huile de poisson ; et ils en ont conclu que les oméga-3 (et pas les huiles de poisson) ne servaient pas à grand chose pour la prévention des maladies cardiovasculaires …
Et les médias de rependre le même refrain, mais de façon caricaturale, sur l’air du « les oméga-3 ne servent à rien » !
Je conclue car tous les lecteurs attentifs ont compris :
1) les oméga-3 marins et végétaux sont importants pour notre santé, et pas seulement cardiovasculaire !
2) il ne faut surtout pas être déficitaire !
3) ce ne sont pas des médicaments ; et on ne doit pas les utiliser comme tels ;
4) en général, et notamment pour le système cardiovasculaire, des capsules d’huile de poisson sont sans intérêt chez des patients qui ne sont pas déficitaires en oméga-3, notamment parce qu’ils ont une nutrition méditerranéenne ;
5) mais tous les bons médecins voient souvent des patients (plus ou moins déficitaires) qui ont intérêt [pour toutes sortes de raisons médicales que je ne peux détailler ici] à recevoir des capsules d’oméga-3 ;
6) nous préférons, pour des raisons nutritionnelles et physiologiques [trop long à expliquer ici] les capsules contenant des oméga-3 marins et végétaux !
Pour tous ceux qui veulent (ou doivent) en savoir plus, je recommande (en URGENCE !) la lecture attentive de notre dernier livre « Prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral » !
Je ne vais quand même pas en faire des photocopies !