Février 2024 : querelle de bouffons autour de l’hydroxychloroquine
Je pensais que c’en serait fini avec le « feuilleton hydroxychloroquine » et que l’ex-Président-Directeur-Général du prestigieux Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection profiterait d’une « retraite bien méritée », comme on lit dans les gazettes. Cette ridicule affaire serait close !
Et bien non !
Pour le plus grand plaisir des ironiques de la vie marseillaise – on a les plaisirs qu’on mérite – les anecdotes pitoyables continuent. Ça va se terminer comment
?
Je donne un exemple récent ci-dessous.
Le magazine LE POINT remue les braises en accusant un supposé groupuscule pro-Raoult – Ah ! Bon Dieu, des terroristes ? – de harceler des dignes médecins et des scientifiques qui seraient accusés d’avoir publié des données frelatées sur l’hydroxychloroquine, le médicament miracle proposé par la Grand Savant de Marseille au début de la pandémie pour sauver des vies.
Soyons clairs d’emblée :
1- il n’y a pas de médicament miracle contre la Covid-19 !
2- l’hydroxychloroquine n’a pas fait démonstration de son utilité dans la Covid-19 !
3- les données concernant la toxicité de l’hydroxychloroquine sont « navrantes » !
4- il est possible que quelques personnes (notamment des médecin) – qui auraient mieux fait de se taire – soient harcelées mais aucun de ceux cités dans l’article du POINT n’est un scientifique sérieux ! Je ne citerai aucun nom…
5- Les membres cités (par LE POINT) du supposé groupuscule pro-Raoult supposément à l’origine du supposé harcèlement ne comprennent pas la médecine scientifique – spécialité très « à part » dans le monde scientifique – et feraient mieux de rester discrets. Je ne citerai aucun nom…
Évidemment, je ne vais pas refaire la lamentable histoire de l’hydroxychloroquine, témoignage hallucinant de l’effondrement de la médecine scientifique par temps de Covid-19.
Si la question de son éventuelle utilité [Pourquoi pas ?] avait été initialement traitée par des scientifiques, il n’y aurait pas eu de polémique.
Entre l’arrogance et l’amateurisme de l’un et la profonde idiotie des autres – tout cela jusqu’à très récemment – on ne risquait pas d’obtenir des données scientifiques sérieuses.
Pourquoi j’en parle aujourd’hui ?
Parce que l’Institution Universitaire Lyonnaise serait, selon le rédacteur du POINT, sortie de sa réserve (Oups !) pour prendre la défense des malheureux harcelés qui auraient pourtant pris toutes les précautions nécessaires (sous-entendu : pour ne pas dire des bêtises) tout en reconnaissant « beaucoup d’incertitudes et de biais dans leurs analyses... »
Si je devais donner un conseil de scientifique à ces malheureux harcelés, ce serait d’éviter de publier des articles comportant « beaucoup d’incertitudes et de biais » au moment d’une polémique, certes ridicule, mais toutefois brûlante ; au risque de laisser penser qu’on a de mauvaises intentions vis-à-vis du Grand Savant de Marseille.
C’est l’arroseur arrosé !
Quand on sombre dans la gadoue de la Société du Spectacle, on ne doit pas s’étonner d’être éclaboussés de matières fécales ! Oups !
La leçon du jour : les démêlées universitaires du supposé groupuscule pro-Raoult et de ses intimes lyonnais est une illustration supplémentaire de l’effondrement de la médecine scientifique ponctué de multiples bouffonneries, comme d’habitude quand une société moderne ne sait plus d’où vient le vent !
Bonjour,
« C’est celui qui dit qui y est », disions-nous enfants à propos des arroseurs arrosés. Par exemple employer le mot « complotiste » : ce mot désigne une personne qui a le sentiment que des gens se sont organisés autour d’un projet, dont elle pourrait souffrir un jour.
C’est précisément ce que ressent tout utilisateur du mot complotiste. C’est celui qui dit qui y est.
Cette notion de « complotisme » est assez stupide à mon avis. Elle vient de l’idée (non moins stupide) que des juifs (selon l’extrême-droite Russe antisémite de l’époque) auraient comploté pour prendre le pouvoir sur le monde. C’est le fameux « Protocole des Sages de Sion » dans mon souvenir. Un document créé de toute pièce pour légitimer la « chasse aux Juifs » en Russie !
Cela dit, toute société « organisée » ne cesse de comploter, c’est-à-dire de faire des plans (petits ou grands, innocents ou dangereux) secrets pour obtenir par la ruse ce que des « petits malins » souhaitent obtenir…
C’est l’Humanité !
L’étymologie du terme complot est intéressante: https://fr.wiktionary.org/wiki/complot#fro et elle me semble laisser entendre que cela peut décrire toutes sortes d’activités humaines et sociales pas nécessairement proscrites ou nocives. Ainsi pour le mot conspiration, qui désigne pour l’essentiel l’action de respirer ensemble. Comme lorsqu’on chante en groupe, par exemple.
Le sens d’un projet subversif ou contre les intérêts d’un état a pris une expansion assez formidable dans les dernières années, qualifiant aujourd’hui, tout ce qui va à l’encontre d’une tendance forte à la normalisation voire à la « normativation ». C’est cet aspect qui est inquiétant, il me semble.
Je suis d’accord : il faut être d’accord !
Merci de cet éclairage. On pourrait aussi commenter sur le terme « sceptique » qui y a été associé (car un complotistes est toujours anti et sceptique). ça marche avec tout: vaccin, climat, guerre, etc.
Si je vous propose un placement mirobolant à 100 % de rendement sans aucun risque, je ne doute pas que vous me ferez totalement confiance et me remettrez toutes vos économies. Ah non ? Vous êtes sceptique donc sûrement complotiste.
Et si je vous propose un vaccin efficace à 95 % totalement sûr et développé en un ans, Vous me faites confiance ? Ah non ? Vous êtes sceptique donc sûrement complotiste.
Mais là où on entre dans le domaine du vrai « complot », c’est si le placement que je vous proposait, c’était d’acheter des actions Pfizer en décembre 2019 !
Heureusement, il est possible de tracer les mouvements financiers et de constater que personne n’a acheté des actions Moderna ou Pfizer en grande quantité dès la fin 2019.
Vive la science !
Comme vous dites !
Merci de votre vision des temps présents !
Le soucis est egalement une desertion totale de la science et un relativisme absolue des opinions. Quand certaines associations laissent publier (avec passage dans la moderation) des delires completement fous sur les chemtrails, la 5G dans les vaccins, (juste pour flatter leur cible) ca pose egalement un probleme.
La science, c’est pas la democratie. Une opinion n’en vaut pas une autre en science.
Ces jours-ci, le délire est tout azimut !
On peut comprendre que certains « se défoulent » sur les réseaux sociaux ; c’est fait pour ça, pourrait-on dire. Il faut être un peu niais pour y perdre son temps…
Le problème c’est que les autorités sanitaires, les sociétés savantes, les universitaires (et pas qu’à Marseille) et même les ministres racontent n’importe quoi !
Il n’y a plus aucune référence ; sauf, bien sûr, le Blog du tellement charmant Dr de Lorgeril…
@Jacques : pour moi le meilleur descripteur de la situation des sciences médicales depuis quelques décennies est … Thomas Kuhn dans la « structure des révolutions scientifiques ».
Livre écrit il y a longtemps, qui ne parlait pas une seconde de médecine. J’y ai retrouvé pourtant quasi mot à mot ce qu’on constate dans ce domaine pour la phase pré révolution scientifique, c’est à dire des remises en causes croissantes de plusieurs théories dominantes, des méthodes appliquées et surtout des interprétations dominantes des expériences.
Comme a priori dans toute l’histoire scientifique ces remises en causes induisent de devoir sortir des chemins habituels de publication dite de référence.
Malheureusement les fadas (chemtrails, 5G, une infinité de substances miracles, etc.) en profitent en se disant que c’est open bar.
J’ai l’impression que plus une science (celle-là ou une autre) se referme sur elle-même, autour de quelques auteurs qui dominent et orientent les parutions (celles qui vont dans leurs sens) ainsi que les enseignements académiques, plus les secousses inverses deviennent fortes et hélas parfois délirantes.
Constat & avis très perso : pour mieux lutter contre ces purs délires il faudrait d’abord que les tenants des théories enseignées problématiques (du genre les stries lipidiques qui augmentent dès la naissance, les IPP à gogo et les statines ça sauve des vies et de toutes les maladies, l’inflammation des muqueuses dans l’asthme est secondaire – ça c’est mon côté « Seignalet », où cette perturbation dont inflammation des muqueuses est déjà présente -, le vaccin DTP(Pertussis) en Afrique ça sauve des vies, les résultats en RRR sont valables, les changements de mode de vie c’est anecdotique, etc.) se sortent d’abord du paradigme infernal que santé = produit miracle de façon systématique puis reconnaissent leurs erreurs énormes d’interprétation en arrêtant de bricoler en ce sens (pharmacovigilance dévoyée, RRR à gogo, aller oser comparer des population vacc/non vacc par ex aux Antilles ou rien que les variations d’expo à la Chlordécone rend toute comparaison santé quasi impossible, tous ces exemples = moyens tordus de retomber sur leurs pattes théoriques).
Je crois que c’est une condition incontournable pour qu’il y ait moins de tentation en face d’inventer n’importe quoi.
Hyper difficile vues les crispations actuelles (pas que dans ce domaine, on paie aussi très cher dans d’autres de résister même un poil contre ces crispations ) mais un des moyens les plus efficaces il me semble.
Ps: merci à vous d’être vigilant sur ces sujets :).
Merci
@Olive verte: L’envers des propos de Kuhn, qu’on occulte trop souvent, c’est que tout ce qui n’est pas scientifique n’a pas de valeur comme mode de connaissance du monde (je ne prétends pas que c’est ce qu’il a dit, mais c’est souvent ce qui en a été fait).
Dans plusieurs cultures, la science a dû, pour s’imposer comme mode de connaissance, affronter l’omniprésence et la toute-puissance de la religion théologique et institutionnelle. On voit souvent ce genre d’affrontement dans les films français comme le conflit entre le curé et l’instituteur. Au Québec, c’est plus souvent le médecin qui affronte le curé. (Ce qui explique, en passant, que l’instruction soit si valorisée en France alors que c’est la médecine qui l’est au Québec.)
La science a gagné l’affrontement. Avec pour résultat que la religion a été non seulement dévalorisée mais souvent aussi plus ou moins bannie. En jetant l’eau du bain qu’était l’institution religieuse, on a aussi jeté le bébé qu’est le sentiment religieux. Qui se cherche un contenant depuis. Et qui resurgit sous des formes extrêmes et caricaturales un peu partout, mais qui a aussi – ironie suprême – subrepticement infiltré la science, en transformant des pans entiers en ce que Robert Pirsig appelait si joliment « l’église de la raison ».
La science médicale n’y échappe pas et ses nouveaux curés sont des médecins, qui édictent la nouvelle théologie et en administrent les sacrements (vaccins, statines, etc.). C’est ce que je nomme la médecine-religion.
Vu ainsi, pas étonnant que ceux qui font de la science en en appliquant rigoureusement les règles mais en en connaissant aussi les limites, tout en reconnaissant les autres modes de connaissance du réel, se trouvent à être excommuniés ou tout au moins ostracisés.
Et voilà !
Pour cette raison, quand j’ai créé l’AIMSIB, j’ai insisté sur cet aspect : c’est le « B » de Bienveillance.
Malheureusement, quelques simplets ont pris le pouvoir en oubliant le « S » de Scientifique.
Minoritaire et peu enclins à la bagarre, je suis allé ailleurs…
je ne comprend pas cette phrase :
« les données concernant la toxicité de l’hydroxychloroquine sont « navrantes » »
est ce a dire que ce produit est toxique ?
Bien sûr.
C’est très bien documenté en cardiologie !
Tout produit qui a des propriétés biologiques « bénéfiques » [c’est le cas de l’hydroxychloroquine] chez certains a aussi des effets indésirables chez les mêmes ou chez d’autres.
C’est le b a ba de la médecine de précision.
Tout le monde n’est pas médecin !!
Le rôle du médecin (de précision) est de déterminer précisément chez chaque patient le bénéfice/risque de tout produit de santé.
La médecine systématique (la même chose pour tous) est moyenâgeuse ; c’est celle qui est pratiquée par la majorité des praticiens aujourd’hui avec notamment le fameux duo : statine+aspirine !
Y a t il bien une différence de toxicité entre un traitement au long cours ( maladie chronique) et un traitement d’une semaine ( infection). ?
Bien sûr.
La toxicité de l’hydroxychloroquine est mise en évidence dans le traitement/prévention du paludisme et de maladies autoimmunes.
Dans ces cas, on ne traite ps les gens pendant une semaine évidemment.
Pour la toxicité à court-terme, c’est l’inconnue ; mais on peut penser que chez des sujets prédisposés, une semaine suffise à provoquer les complications.
Si nous avions eu des scientifiques sérieux pour gérer la théorie du Grand Savont de Marseille, nous pourrions aujourd’hui répondre à ces questions ; peut-être ; pas sûr…
L’affaire de l’hydroxychloroquine est la parfaite démonstration qu’en dehors de la médecine scientifique, on fait (et dit) des idioties !
On fait du Raoult !
Désolant !
Merci pour ces éclaircissements. La société du spectacle ne m’amuse malheureusement plus. Les indigestions provoquent parfois des nausées. Les médias sont devenus des usines à produire de la m…
Un peut déçu tout de même étonné que l’on ne les qualifie pas de « groupuscule pro-Raoult-de-mouvance-complotiste-pro-Poutine-climato-sceptique-d’extrême droite » (dont certain membres radicalisés seraient en plus platistes-carnivores-adeptes-des voyages-en-avion). En tout cas, de très dangereux personnages de la sphère conspi vendus à l’ennemi !
Vous dites « Si la question de son éventuelle utilité avait été initialement traitée par des scientifiques, il n’y aurait pas eu de polémique. »
Vous êtes bien gentil: peut-être eut-il fallu commencer par ne pas confier la démonstration de son inutilité/toxicité à une ex call girl (épisode mémorable de la deliquescence scientifique). Alors, quand le Pr. Lega nous sert une étude aussi pourrie qu’un poisson ayant dépassé la date peremption depuis 3 mois pour hurler à la morts de 17’000 patients à cause de cette molécule, elle cherche les ennuis.
Je pense comme vous que l’efficacité de cette molécule n’a pas été confirmée mais une telle toxicité non plus (effets connus depuis des années – risques cardiaques et toxicité pour la rétine).
Par contre, un effet placébo est peut-être envisageable car le simple fait de penser être suivi médicalement alors que le reste de la population restait chez elle en bouffant des dolipranes durant ses nombreuses insomnies dues à une overdose de presse-quotidienne-Covid.
(au fait, on fait comment pour démontrer l’efficacité du sommeil en cas d’infection avec une étude randomisée en double aveugle ?)
Alors, j’espère que l’arroseur sera arrosé au prochain changement de gouvernement lorsqu’un patient déposera plainte pour avoir interrompu son traitement du Lupus avec cette molécule: 3 ans de prison et 60000 EUR d’amende en cas d’abandon confirmé !