Confinement dur ou restrictions douces ?

Les premières études sérieuses évaluant les effets des mesures sociales restrictives pour contenir l’épidémie de COVI-19 apparaissent.

Elles vont enfin nous permettre de comprendre ce qui se passe vraiment, ce qu’il est utile de faire et nous permettre aussi de se projeter dans un avenir immédiat, c’est-à-dire faire quelques projets. Des humains sans projet sont en danger ; il faut se projeter !

Il y a encore peu d’études et nous devons rester prudents.

Ces études sont essentiellement basées sur ce qui est survenu lors de la phase initiale de la pandémie et les premiers confinements. Ce sont des limites à ne pas négliger.

De nombreux facteurs nouveaux sont apparus, notamment les variants dans différentes zones, qui peuvent désormais influencer la dynamique naturelle de l’épidémie.

Il est d’ailleurs difficile de savoir ce qu’est cette dynamique naturelle puisque dans tous les pays, les gouvernants et les gouvernés ont adopté des attitudes multiples et variées pour essayer de limiter les conséquences de la COVID-19.

En simplifiant beaucoup, on entend par « confinement dur », les restrictions quasi policières de rester à la maison [stay-at-home] et de cesser l’essentiel des activités économiques [business closure] non indispensables à la survie des populations visées par ces mesures.

Les restrictions douces sont toutes les autres recommandations [distanciation sociale] ou obligations [port du masque en public] qui visent à réduire les risques de contamination inter-individuelle et de dissémination des virus. Ces restrictions douces, si on peut dire, sont évidemment aussi actives en cas de confinement dur.

Il y a donc trois niveaux cumulatifs d’observation dans ce type d’étude épidémiologique : 1) la dynamique naturelle de l’épidémie (en l’absence de toute réaction sociale ou politique) ; 2) les restrictions douces ; 3) le confinement dur.

Je rappelle que nous sommes dans le cadre de l’épidémiologie d’observation, le niveau le plus fragile de la médecine scientifique. Mais ce n’est pas parce que les données (et leurs interprétations) sont fragiles qu’il ne faut rien faire.

Dans ce genre de circonstances, j’ai peu confiance en mes propres analyses et en moi-même [ce n’est pas mon corps de métier] et je préfère me référer à des collègues qui, en général, m’ont rarement déçu.

Parmi eux, je retiens John Ioannidis, un épidémiologiste américain (Stanford University en Californie) d’origine grecque.
Il a été un peu décevant au début de la COVID-19 [quoiqu’il ne fut pas le seul, il a jugé un peu vite que la « grippette » ne devrait pas faire peur] mais il s’est ensuite excusé, fait peu banal dans ce petit monde facilement outragé [cf. nos sommités nationales se disputant via des médias ravis d’un si beau spectacle].

Cet article a été publié début Janvier 2021 dans le European Journal of Clinical Investigation, et il est accessible gratuitement : https://doi.org/10.1111/eci.13484
Bon courage !

Je fais un commentaire simple qui est la reprise de la conclusion de ces auteurs.
Que disent-ils ?

Quoiqu’ils ne peuvent exclure qu’un confinement dur puisse avoir quelques bénéfices par rapport aux restrictions douces, ces bénéfices sont probablement mineurs.

Selon ces auteurs, des bénéfices très significatifs peuvent être obtenus sur les nombres de nouveaux cas diagnostiqués par des mesures restrictives douces.

Dit autrement, il y aurait peu d’intérêt à imposer policièrement un confinement dur !

Il est fort probable que cette analyse a grandement influencé les gouvernants français quand ils ont décidé [quand Cæsar a décidé] de retarder (ou annuler) le confinement, la 1ère semaine de Février.

Je ne porte aucun jugement sur les décisions de Cæsar pas plus que sur les analyses du Prince Ioannidis, moi pauvre bougre des montagnes.

Je note toutefois que ces analyses portent seulement sur les nombres de cas (et pas sur les nombres de décès ou les « encombrements » hospitaliers), que les restrictions douces de référence (servant de comparateur aux confinements durs appliqués dans les autres pays) étaient celles appliquées en Corée du Sud et en Suède où les restrictions et les modes de gouvernance étaient très différents ; et finalement, que si la Corée du Sud a enregistré un faible nombre de décès (Bravo !) ce ne fut pas le cas en Suède qui se retrouve en Février 2021 avec un bilan de létalité très proche de ceux observés dans les pays à confinement dur.

Mon intuition reste qu’un confinement dur ne devrait être imposé qu’en cas de force majeure.

Ce fut probablement le cas au début de 2020 quand les gouvernants et les autorités sanitaires étaient perdus face à l’inconnu.

Est-ce le cas aujourd’hui ?