Cholestérol, statines et l'inéluctable déchéance de la revue médicale "Prescrire"

 
La revue Prescrire fut utile dans les temps archéologiques où les médecins (masculin et féminin) étaient subjugués par les minijupes des visiteuses médicales et les cravates de leurs supérieurs, royaux distributeurs de chèques cadeaux en tout genre.
Prescrire était utile parce que ses rédacteurs prenaient le temps de lire « à la source » les informations médicales « délivrées » par les grandes revues anglo-saxonnes : le Lancet, le New England Journal of Medicine et d’autres. Bons élèves, ils recopiaient.
Les médecins ne lisaient pas ou parfois (les académiques) ne comprenaient pas le peu qu’ils lisaient ; Prescrire lisait pour eux, expliquait et souvent corrigeait la propagande que l’industrie diffusait. Il suffit d’évoquer le Médiator ou le Lipanthyl pour comprendre ce que je veux dire. Bref, les rédacteurs de Prescrire tiraient leur gloire (éphémère) de lire les rapports des études et de les transcrire en langage compréhensible pour un médecin généraliste de base, très occupé par ailleurs. Prescrire vivait de ses abonnés malgré leur faible nombre (médecins en général) relativement à la totalité des possibles bénéficiaires d’une information proclamée indépendante des industriels. Sauf que
Sauf que les prestigieuses revues ont fait faillite, elles sont sous perfusion du sérum pharmaco-industriel. BigPharma réalise là un coup (au sens d’une partie d’échec) magistral : il fait désormais passer son marketing promotionnel à peu de frais par les grandes revues anglo-saxonnes (supposées indépendantes). Ainsi il a pu licencier un fort pourcentage de son « petit » personnel en minijupe ou cravaté. Disons-le sans sourciller, les rapports d’études sur les produits de santé publiés dans les grandes revues anglo-saxonnes sont devenus aussi crédibles que l’information autrefois diffusée par les minijupes et les cravatés.
Sauf que la revue Prescrire n’a pas vu venir le coup et son utilité s’est réduite à néant puisque traduire et résumer les articles (sur les produits de santé, je précise) publiés dans les revues anglo-saxonnes ne fait plus rire personne sauf les pingouins sur la banquise, comme chantait Tino Rossi…
Voyons, par exemple, le dernier rapport de Prescrire sur les statines. Ce rapport explique que les bénéfices des statines en prévention primaire sont limités. Ils avaient aussi dit que les statines en prévention secondaire, ça ne se discute pas tellement c’est bien, comme disent les ministres.
Prescrire Avril 2018
 
 
 
 
 
 
 
Chacun peut admirer le « sans publicité, ni sponsor, ni actionnaire ». C’est sympa, on aime bien en principe.
Que veut dire prévention « primaire » par rapport à « secondaire » ?
On parle de la même maladie sauf que dans le « primaire », le patient risque son premier épisode tandis qu’en « secondaire », il risque un second voire un troisième.
Dit autrement, si un médicament peut empêcher (ou diminuer la probabilité de souffrir) d’un second, il est aussi capable d’empêcher un premier. Évidemment.
La distinction entre premier (ou primaire) et second (ou secondaire) n’est intéressante que pour l’investigateur (et l’industriel qui le rémunère) : pour démontrer l’efficacité d’un médicament vraiment utile pour empêcher un second, il lui faut recruter entre 500 et 1000 patients tandis que pour empêcher un premier (dans une population jusque là indemne), il lui faut recruter entre 5000 et 10,000 patients. On imagine le coût de la manœuvre…
Pour un médecin de terrain et ses patients « à risque », la différence entre le primaire et le secondaire est qu’il doit être beaucoup plus actif (et persuasif) avec ceux qui attendent leur second qu’avec ceux qui, toujours « innocents », n’ont pas encore expérimenté leur premier. Arrêter de fumer est efficace dans les deux cas mais il est encore plus essentiel d’aider à arrêter de fumer celui qui attend son second. Parce que son risque est plus élevé ! Il risque la même maladie mais la probabilité est plus forte s’il a déjà eu une alerte.
C’est facile à comprendre quand on a étudié comment le tabac provoque l’infarctus : il procède de la même manière pour un premier ou un second infarctus !
Je reviens aux statines : si elles sont efficaces en secondaire (comme l’arrêt du tabac), elles le sont aussi en primaire. Si elles ne sont pas efficaces en primaire, elles ne le sont pas non plus en secondaire.
C’est facile à comprendre quand on a étudié comment le cholestérol supposément provoque l’infarctus et comment les statines sont supposées en protéger : ça procède de la même physiopathologie éventuelle pour un premier ou un second infarctus ! Évidemment si le cholestérol est innocent, cette discussion est inutile et les articles de Prescrire aussi.
Ici survient inopinément la méthode scientifique chère à Karl Popper et à moi-même :
1) si des études bien conduites, indépendamment ou pas de l’industriel, n’ont pas pu montrer que diminuer le cholestérol avec une statine diminuait le risque de premier ou second infarctus, et si aucune explication technique ne permet de rejeter ces études, la théorie du cholestérol et les statines doivent être mises à la poubelle ;
2) si de études ont montré que les statines pouvaient diminuer le risque de premier ou second infarctus, mais que nous pouvons identifier des défauts majeurs dans la conduite de ces études (et qu’en plus sous prétexte de secret industriel, il nous est interdit de vérifier les incongruités qui crèvent les yeux dans ces études), nous devons sans état d’âme mettre ces études à la poubelle.
Je ne vais pas commenter les commentaires alambiqués des commentateurs de Prescrire. Pourquoi ? Pour deux raisons principales :
1) soit ils se réfèrent aux études et synthèses publiées dans les grande revues anglo-saxonnes (Lancet et autres), sans en faire la critique. Ils ne les critiquent pas parce qu’ils ne comprennent pas vraiment le processus de production mais surtout, ces études étant leur seule source d’information, ils scieraient la branche sur laquelle ils sont assis puisque c’est de leur lecture qu’ils tirent leur utilité de rédacteur, et leurs abonnés ;
2) soit ils ne se réfèrent pas aux études et dogmes officiels, mais n’étant pas eux-mêmes des investigateurs et des scientifiques (épidémiologistes, physiologistes, pharmacologistes…) compétents, leurs commentaires sont d’une exécrable naïveté. Le meilleur exemple de cette incapacité à dominer leur sujet (à propos des statines) est dans leur façon de rapporter les effets adverses des statines : on touche là au ridicule ! Ils auraient pu, au minimum, lire mon splendide ouvrage L’horrible vérité sur les médicaments anticholestérol. Ils auraient eu les explications et la bibliographie ; c’était trop demander…
Quel est l’avenir de Prescrire ?
Il ne reste plus à ses rédacteurs qu’à faire semblant de ne pas avoir compris que les articles qu’ils lisent dans les revues anglo-saxonnes sont de la vulgaire propagande quand il s’agit de produits de santé (80% au moins du contenu des revues). Mais peut-être n’ont-ils vraiment pas compris ?
Peu importe ! Faire semblant c’est faire du spectacle ! C’est très vilain !
Ils peuvent aussi faire les perroquets ! Mais un perroquet ne chantera jamais mieux qu’une cantatrice, qu’elle chante faux ou qu’elle soit chauve !
Dernière et terrible question : Prescrire est vraiment libre de tout lien d’intérêt ?
Quoique je n’ai pas une confiance totale dans le site ministériel de « transparence » [je crains plus les manques que les « abus »…], on m’a fait passer le document ci-dessous.
Ce serait bien que Prescrire s’explique ; ou au moins nous explique où est l’erreur. Faute de quoi, nous comprendrions pourquoi Prescrire est si indulgent avec les statines et autres médicaments anticholestérol. Il s’agit sans doute d’une erreur.
Si tel n’était pas le cas, Prescrire aurait bénéficié de subventions de Sanofi-Pasteur ; renvoyant toutes les futures analyses de Prescrire sur les vaccins au rang de « suspectes »…
Vaudrait mieux que Prescrire ne dise rien sur les vaccins !
Prescrire