RECOMMANDATIONS OFFICIELLES (GENERALEMENT GOUVERNEMENTALES), CONFLITS D’INTERÊT ET ETHIQUE !
Un site Internet américain destiné aux médecins (de toutes nationalités) vient de publier le résultat d’un sondage intéressant.
La question – à laquelle il fallait répondre par OUI ou par NON ; il ne faut pas que ce soit trop compliqué pour nos praticiens, très occupés par ailleurs – était : « Les membres des Comités qui publient des Recommandations scientifiques ou médicales pratiques dites OFFICIELLES doivent-ils être libres de tout conflit d’intérêt ? »
Réponses des votants : 86% de OUI !
Impressionnant et sans ambiguïté.
Suivent un certain nombre de commentaires des votants allant plus ou moins tous dans le même sens : « c’est indispensable mais probablement impossible parce que … bla, bla … »
Ce dernier point (l’impossibilité de …) rappelle la fameuse prosopée servie jusqu’à plus soif par les mécréants qui se délectent cyniquement de leurs multiples liens d’intérêt : « si vous n’avez pas de conflit d’intérêt c’est que vous ne présentez aucun intérêt ».
C’est tout-à-fait répugnant comme raisonnement – témoignage de la façon dont on raisonne parmi nos élites – mais comme avec toutes les dérives éthiques, il y a là un peu de vrai. Dans un monde gouverné par la marchandisation, rares sont ceux qui, pour une raison ou une autre, ne sont pas achetables.
Mais on est ici à côté du problème, évidemment. Un peu trop naïf, à mon goût.
Il y a une différence entre « être acheté » et « être rémunéré ». Tout bon chercheur ou expert salarié (modestement) par l’Etat (avec nos impôts) ou une autre Institution doit aider aux progrès économiques, diffuser son savoir, collaborer avec l’industrie (et le commerce) et en retour recevoir quelque rémunération compensatoire.
Ce sont des liens d’intérêt normaux ; mais qui ne doivent pas devenir des conflits d’intérêt. Il suffit simplement de ne pas participer (en aucune manière) aux discussions et négociations qui donnent lieu, via des Comités d’experts, à des recommandations officielles.
Facile à comprendre !
Rien d’humiliant à cela.
Comment est-il possible que ce ne soit pas la REGLE ?
Réponse : ces comités étant précisément constitués pour aider le commerce et l’industrie, tout doit être fait pour que les experts émettent des recommandations qui leur soient favorables. D’où l’impérieuse nécessité de sélectionner des experts compatissants, voire complices.
On fera pourtant semblant de travailler pour l’intérêt général et la Santé Publique. Ici on voit rugir le réacteur de la Société du Spectacle. Si on vous montre le noir, il faut immédiatement en déduire que le vrai est blanc. C’est l’inversion de la réalité typique de notre époque et si bien montrée par Debord et autres situationnistes. Tant qu’on n’a pas compris ça, on dérive, sans boussole et sans cap, dans notre époque.
Tous les experts sont-ils de cette eau-là ? Non, bien sûr !
Il y a les vrais experts (facile à vérifier) ayant réellement produit des travaux de recherche et qu’il serait urgent de consulter ; et les pseudo-experts qui sont considérés comme tels non pas à cause de leurs fulminantes recherches mais parce qu’ils ont été désignés pour faire œuvre d’experts (membres de comités ad hoc et amis de l’industrie) malgré l’absence de tout travail publié ayant une quelconque valeur scientifique.
Mais, et c’est la conclusion, vrais ou pseudo, tout expert ayant des liens d’intérêt avec les industriels impliqués dans la problématique en discussion doit être exclu du Comité décisionnel, du Comité qui émettra les recommandations dites officielles.
Élémentaire, mon cher Watson !
Je parlais précisément, pour rester dans le cadre du sujet, des experts.
Et notamment du chapitre « Les experts », extrait de l’excellent Ouvrage du Docteur Marc Girard : « Médicaments dangereux : à qui la faute ».
« Les statines pourraient être bénéfiques pour la cicatrisation des plaies suite à une chirurgie », Vu ce jour sur Univadis. Je crois même qu’il y a un cas où après amputation la jambe s’est régénérée mais sous des doses extraordinairement élevées de CRESTOR (à confirmer)
J’essaye de supprimer toute statine à tous mes patients mais je rencontre d’extraordinaires résistances de la part des patients maos aussi de nos amis spécialistes (quoiqu’il me semble que leur résistance commence à s’émousser légèrement. Pour les patients, je leur fais lire votre message sur les avantages d’avoir un cholestérol haut. Ca frémit mais cela prend beaucoup plus de temps de prescrire que de deprescrire. A quand une grande affiche « HALTE AU CHOLESTEROL BASHING » Eh oui, bashing c’est un mot très à la mode en ce moment.
Bien amicalement et tout avec vous !
L’arrogance (et son synonyme, l’incompétence), l’opacité, l’obstination dans l’erreur, les conflits d’intérêts, le tout sous un coriace vernis de compétence et de vraie science : c’est tout simplement anti-scientifique.
« Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes. » (Hannah Arendt)
Mais la médecine n’est pas une science ou alors molle très molle.
La demi-vie des connaissance médicale est de trois ans et demi, le renouvellement permanent des « acquis » fait qu’une remise en cause est sans cesse indispensable. Il est très difficile de suivre le mouvement de se remettre en cause en permanence. Quand en plus les enseignant en médecine sont très peu sujet au doute en général et utilisent beaucoup dans leurs cours et leurs publications l’impératif, l’affirmatif et le péremptoire au lieu du conditionnel on comprend aisément que l’étudiant ou le médecin même expérimenté aient du mal à s’y retrouver.
Et, puis il y a le confort de la routine, redoutable la routine !
Enfin il y a, ce qui pour moi est essentiel, l’individu. La médecine repose sur le colloque singulier. Chaque patient est unique et nécessite une attention particulière, la même maladie est différente chez chaque personne qui en souffre.
La mode actuelle des protocoles et des algorythmes pour traiter les maladies sous prétexte d’efficience maître mot de la médecine moderne et des économistes est une monstrueuse stupidité qui fera et fait déjà beaucoup de dégâts.
http://www.rolandsimion.fr/spip.php?article32&lang=fr
« Le bon expert, finalement, c’est celui dont on peut se passer : celui qui, dans le processus interdisciplinaire de l’expertise, permet aux demandeurs de l’évaluation de se réapproprier des éléments de fait, simples, compréhensibles, aisément vérifiables, suffisants pour affronter en connaissance de cause le processus décisionnel. »
Bonne soirée à tous.
Les revenus de l’industrie cotée en bourse sont soumis aux donneurs d’ordre que sont les médecins prescripteurs de médicaments qui ne sont pas en vente libre.
Le médecin prescripteur est un distributeur de parts de marché, un levier indispensable des revenus de l’industrie. Le médecin prescripteur est très occupé par sa pratique quotidienne et il a besoin de messages simples pré-digérés car ce sera très compliqué pour lui d’avoir une opinion sur tout. C’est là qu’interviennent les recommandations, les sociétés savantes, les leaders d’opinion… Pour l’industrie, il est indispensable de bien contrôler cette chaîne de production de l’information qui impacte directement son activité principale: le commerce et donc le gavage de ses actionnaires.
Le client final, le patient, n’est pas directement accessible par l’industrie mais elle tente énormément de l’influencer dans l’espoir qu’il réclame à son médecin. D’ailleurs ce même médecin sera outillé par l’industrie pour répondre à la « réclame » de son patient. Le client final patient est très très intéressant pour l’industrie car, qu’il soit nécessiteux ou milliardaire, il est touché par la grâce de la solvabilité organisée par l’Etat (dans notre modèle français).
S’il fallait faire une analyse critique objective des résultats des essais cliniques, très peu de médicaments passeraient la barre. Il n’y a pas besoin d’être dans le secret de la recherche et la « finesse » de la connaissance d’un produit dit « médicament » pour préconiser, réfuter ou modérer son utilisation. S’il faut pouvoir discuter avec les « experts » qui travaillent avec l’industrie, Il faut avant tout bien savoir disséquer les essais cliniques. Une très grande indépendance est donc possible mais absolument pas souhaitable par rapport à l’activité principale: le commerce et derrière le gavage des actionnaires. Connaître les conflits d’intérêt n’est pas suffisant; il faut les éradiquer du processus de la recommandation et de la prescription, c’est à dire tuer l’outil industriel le plus développé: le marketing.
L’industrie diffuse les recommandations des sociétés savantes qui sont à sa solde. Pourquoi un vendeur de « nouvel anticoagulant oral » a-t-il intérêt à diffuser gratuitement les recommandations de la Société Européenne de Cardiologie » sur la prise en charge de la FA? Car les nouveaux anticoagulants sont mis en avant ! Ce qui est très amusant, c’est que ces mêmes recommandations mettent en avant la DRONEDARONE, un anti-arythmique, qui n’est pas remboursée en France, la HAS estimant le rapport bénéfice risque défavorable. Comme quoi…
MERCI !
Je suis d’accord à 98% !
Je ne suis donc pas le seul situationniste vivant et « en activité » …
Il vous (nous) reste à faire le principal du boulot : « détourner » ces situations tragiques au profit du peuple …
Bonjour,
Avec une grosse dose de sarcasme, je résumerais ainsi votre texte : le médecin est la courroie de transmission entre le malade et l’actionnaire de BigPharma.
C’est bien triste !
Le salut viendra du malade, je l’espère , qui se pose déjà, à l’heure actuelle beaucoup, beaucoup de questions sur la façon dont il s’est remis avec une confiance aveugle entre les mains de ses médecins .
Lorsque j’étais un jeune externe naïf fauché mal habillé, j’étais surpris par ces gens bien habillés qui déjà me courtisaient lorsque mon interne n’était pas disponible … C’était déjà les bras si accueillant de l’industrie pharmaceutique, de sa branche marketing chargée de tisser les liens qui seront si importants tout au long de ma vie de futur distributeur de parts de marché que je pouvais représenter pour eux. D’ailleurs l’industrie ne renonce jamais … même avec les récalcitrants. C’est dire si dans une culture pareille il est très difficile de résister.
Nous avons notre exemple français de cette culture du réseau, du lobbying … tellement efficace que plusieurs de ses poisons notoires arrivent à rester sur le marché des lustres et encore aujourd’hui malgré les foudres qu’il s’est attiré !!! C’est la prime au délinquant ! La tianeptine, petite soeur de feu l’amineptine, n’est pas passée à la trappe malgré ses mêmes inconvénients de pharmaco-dépendance et d’addiction ! Le ranélate de strontium en restriction d’indication n’est pas passé à la trappe malgré son ASMR V et sa toxicité cardio-vasculaire . L’ivabradine, en cours de réexamen par l’agence européenne du médicament, fait l’objet de mises en garde ayant été plutôt discrètes de la part de l’ANSM; quel sera son devenir alors qu’aucun autre industriel ne semble avoir misé sur un concept similaire ? L’industriel en question, en voulant faire très simple, a voulu surfer sur un concept marketing d’une grande absurdité et très dangereux: la fréquence cardiaque. Il voulait certainement accrocher le wagon marketing des statines … sur un paramètre aussi mesurable !
Ce qui ne me rend pas optimiste, c’est que cet industriel (notamment) continue ses petites affaires sur le terrain, invite les internes en formation … donc rien ne change vraiment….
Sans volonté des pouvoirs publics de faire autre chose qu’une politique canada dry pour calmer tout le monde sans rien changer sur le fond, on tournera en rond… et on reproduira la même chose.
Pourquoi êtes-vous si méchant avec la seule industrie française qui exporte ?
Bonjour Docteur. C’est de l’humour je parie !
J’en ai un trait ( sans vouloir dénigrer tous les médecins..), réplique relevée dans un épisode du « Mentalist » à propos d’un Médecin Expert si mes souvenirs sont bons :
« Le médecin administre des médicaments qu’il ne connaît pas, en connaissant mal son métier sur des patients qu’il ne connaît pas du tout »…
Cela à l’air exagéré mais ça correspond assez à ceux qui appliquent sans sourciller les recommandations officielles des « Experts » désignés!
J’avoue, je suis vraiment mauvaise langue ! L’industriel en question sauve des vies à l’international pour 91% ! J’ai trouvé ce chiffre sur une page de ce groupe humanitaire qui écrit dans un joli bleu « Où est l’amour des humains, là est aussi l’amour du métier ».
Il ne faut pas non plus oublier que ce remarquable industriel n’est pas côté en bourse mais a la statut d’une fondation, un peu comme la fondation « Abbé Pierre ».
Ça change tout ! Il a toujours su jouer sur les maux.
Je crois qu’il a su se faire aider par un autre sauveur de l’humanité, ce qui n’est pas rien.
Et cerise sur le gâteau, il n’a aucune statine dans son panier gourmand !
« un taux inférieur d’accidents cardiovasculaires majeurs adjudiqués (décès de cause cardiaque, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral et angor instable nécessitant une hospitalisation) dans le groupe alirocumab comparativement au groupe placebo (valeur de p inférieure à 0,05). »
Que c’est vague tout ça DES CHIFFRES DES CHIFFRES
« L’alirocumab a été généralement bien toléré dans les neuf essais du programme ODYSSEY. »
MAIS » Dans l’essai ALTERNATIVE, les taux d’arrêt du traitement pour cause d’effets indésirables se sont établis à 25 % pour l’atorvastatine, 25 % pour l’ézétimibe et 18 % pour l’alirocumab. Ces différences entre groupes de traitement n’étaient pas statistiquement significatives. » BIEN TOLERE MDR,comme disent les djeunes
« L’alirocumab fait actuellement l’objet d’un programme de développement clinique et aucun organisme de réglementation n’a encore pleinement évalué ses profils de sécurité et d’efficacité. »
C’est la dernière phrase de l’article amusant non??
Et dire que les leaders d’opinion vont claironner partout que c’est miraculeux que le serial killer cholesterol est enfin vaincu et que les maladies cardiovasculaires vont être éradiquées.
Nouvelle offensive médiatique aujourd’hui concernant l’alirocumab (inhibiteur anti-PCSK9), que Sanofi / Regeneron espère nous vendre à tout prix pour abaisser notre cholestérol :
http://www.euroinvestor.fr/actualites/2014/07/30/sanofi-et-regeneron-rapportent-les-premiers-resultats-positifs-de-neuf-etudes-de-phase-3-consacrees-a-lalirocumab-dans-le-traitement-de-lhypercholesterolemie/12924254
Paraît qu’il y a tout pleins de bonnes choses dans les résultats obtenus au terme des 9 premiers essais cliniques du programme ODYSSEY.
Faudrait envoyer l’article à qq humoristes en panne d’inspiration, ça pourrait leur donner une piste pour relancer leur carrière.
EUROINVESTOR ET NASDAQ!!!!!
Site de bourse c’est juste pour faire monter l’action SANOPHI et rien d’autre. Le niveau zéro absolu de la médecine, maintenant pourquoi pas si on a qlq euro à investir dans SANOPHI
Qui dit « confit d’intérêt », dit risque de corruption. C’est la base de notre système judiciaire. On n’oserait pas imaginer un juge devant juger un bandit qui est justement son grand copain. Cela serait de suite dénoncé par la partie adverse. Pourquoi cela serait impossible à appliquer dans le beau monde de la science médicale ou autre ? …pas rentable pour certains lobbys ?
c’est comme quand on fait un sondage sur les limitations de vitesse: 90% des conducteurs disent que c’est une bonne chose (devant la caméra) mais le même pourcentage les dépassent:)
En 40 années d’exercice médical de soins primaires, j’ai découvert l’existence de 3 sortes d’experts :
1°) les exper-imentés : hommes de terrain, par exemple le chirurigien cardiaque Dr. Dwight Lundell qui a tenu entre ses doigt des milliers de coronaires obstruées sans jamais voir de lien avec le taux de cholestérol.
2°) les exper-imentateurs : chercheurs, observateurs, lecteur de la presse internationale, penseurs, dont les travaux sont publiés lorsque la communauté scientifique est prête à recevoir l’info, des fois il faut patienter, comme pour le rôle délétère des AINS sur les coronaires.
3°) les ex-pairs, ceux qui ne sont plus sur le terrain, qui ne lisent que ce que l’industrie leur demande de lire (en mettant à leur disposition les traductions choisies d’articles internationaux par exemple). Les KOL recherchés et/ou fabriqués par l’industrie.