Épidémiologie de la COVID-19 : Août 2022
Tout scientifique sérieux doit, de façon régulière, faire le point (comme disent les marins ; mais sans sextant) sur une question importante.
La COVID-19 étant la plus extraordinaire crise sanitaire (à divers points de vue) de l’Histoire de la médecine et des sociétés modernes (je laisse la peste noire du 14ème siècle de côté), il est de notre devoir de regarder et re-regarder les données existantes.
Ci-dessous, au 18 Août 2022, l’état des lieux en Europe occidentale et aux USA essentiellement.
Nous disposons des données « officielles » fournies par les états et quelques comparaisons s’imposent pour essayer de comprendre ce qui s’est passé.
Ces données sont centralisées sur un site universitaire américain (appelé Worldometer) que chacun peut consulter ; et aussi vérifier les chiffres que je reproduis ci-dessous sous forme de tableau.
Je n’ai recopié que le haut du tableau où on trouve curieusement la France en 3ème position.
Je demande beaucoup d’attention aux visiteurs, ces chiffres sont importants à considérer car ils suscitent une multitude de questions. Je vais en examiner seulement trois mais elles sont importantes.
1) Pourquoi la France est-elle en 3ème position ?
Réponse : parce que dans Worldometer les pays sont classés par nombre de cas diagnostiqués [Total cases sur le tableau], généralement par PCR ou un test supposé équivalent.
Voilà un sujet d’étonnement. Puisqu’il s’agit d’une pandémie, les plus grands nombres de cas devraient être trouvés dans les pays les plus peuplés, comme l’Inde par exemple sur le tableau. Il est aussi facile de comprendre qu’il y ait eu beaucoup de cas aux USA car ce pays est surmédicalisé (business !). Pourquoi la Chine (population comparable à l’Inde) n’apparait pas et pourquoi la France a tant de cas alors que sa population est plutôt faible par rapport à beaucoup d’autres pays ? C’est étrange !
Si on compare la France avec des pays comparables en Europe (soulignés en jaune), on est frappé par les discordances : à population à peu près comparables [UK (ou Royaume-Uni) et Italie], il y a environ 30% plus de cas diagnostiqués en France : 34 millions contre 23 et 21 millions. La comparaison avec l’Allemagne (Germany) est aussi étonnante car la population allemande est plus importante que celle de la France et pourtant il y a moins de cas parmi les allemands (31 millions). Bizarre !
2) Ces différences en nombre de cas s’expliquent-elles simplement par le nombre de tests pratiqués dans les différents pays ?
Réponse : cette explication ne tient pas quand on compare les nombres de tests pratiqués (dernière colonne à droite) et rapportés à la population (Test/1M pop). Par exemple, les anglais avouent plus de 7,5 millions de tests (par million d’habitants) – chiffres astronomiques – contre environ 4 millions de test en France et pourtant ils ont 30% de moins de cas : environ 23 millions contre 34 millions en France. Les allemands ont environ le même nombre de cas (31 millions) que les français bien qu’ils aient seulement pratiqué 1,5 millions de tests par million d’habitants.
Je ne trouve pas d’explication satisfaisante à ces discordances entre pays, sauf à sombrer dans de grossières hypothèses malveillantes vis-à-vis des laboratoires français.
3) Pourquoi ces discordances entre pays en termes de mortalité ?
Réponse : si on restreint les comparaisons aux 4 principaux pays Européens à niveaux de vie et technologique comparables, on observe deux groupes. D’un côté, l’Allemagne et la France [environ 150,000 décès attribués à la COVID-19] et de l’autre côté, le Royaume-Uni (UK) et l’Italie [environ 180,000 décès].
Il y a eu (à ce jour) un nombre total de décès comparable (Total Deaths) en France et en Allemagne, mais la population allemande est plus importante ; aussi quand on rapporte les nombre de décès à la population (Deaths/1M pop), on constate une plus forte mortalité chez les français par rapport aux allemands.
Ce qui suscite des nouvelles et inquiétantes questions : les français sont-ils plus fragiles face aux virus ? Les français sont-ils plus mal soignés dans leurs hôpitaux ?
Mais si on rapporte les nombres de décès aux nombres de cas et pas à la population [c’est le concept de létalité], les choses se présentent de façon différente : en pourcentage et rapportée à 1 million de citoyens, cette létalité est de 0,06 en France et de 0,12 en Allemagne. Ainsi, apparemment, une fois contaminés et malades, les allemands meurent deux fois plus que les français… Étrange !
Je ne vais pas aller plus loin dans ces analyses ; mais j’ai déjà une conclusion : je n’ai pas d’explication solide à ces discordances ; et je redoute que tous ces chiffres soient « fragiles »…
Ce n’est pas drôle tout ça ; alors pour se remonter le moral, je propose un peu d’amour, par exemple, un air célèbre d’Antonio Sacchini : « Barbare amour, tyran des cœurs« …
si je comprends bien, en définitive, vous me dites » c’est vous qui le dites! ». c’est bien çà?
Oups !
jean-christophe : » bon, alors, je dois avoir un penchant complotiste parcequ’il me semble, en lisant votre article, qu’il est difficile de résister à l’hypothèse (une hypothèse parmi d’autres) selon laquelle les chiffres pourraient avoir été « bidouillés », l’augmentation du nombre de cas permettant, par exemple, de baisser artificiellement la létalité. Vous noterez que je mets des guillemets à bidouillés tout comme vous le faites vous même pour exprimer l’idée que les chiffres sont « fragiles »…
Michel de Lorgeril : « c’est vous qui le dites! »
bon, voilà, c’est fait
Quand j’écris « fragiles », je pense « biaisés » ou « non crédibles » mais je ne vois pas d’intention a priori ; c’est-à-dire « bidouillés »…