La pomme de terre : faut-il en avoir peur ?

Vous pensez que je plaisante ?

Pas vraiment.

Si vous écoutez beaucoup de nutritionnistes (amateurs ou professionnels), les sucres (aussi appelés – ça dépend du niveau de professionnalisme et de la cible de l’orateur – les hydrates de carbone ou les glucides), sont dangereux pour la santé ; parfois assimilés à la « poudre blanche » (l’héroïne) ; et  parfois encore accusés de provoquer des addictions…

Et, en conséquence, tout aliment (pain, riz, spaghettis et pomme de terre pour n’en citer que quelques uns) contenant des glucides comme principal composant doit être sinon proscrit du régime ; ou au moins drastiquement réduit.

Et nos superbes nutritionnistes de recommander (fortement) des régimes pauvres en glucides : diète kétogène (ou cétogène) ; régime paléolithique et autres…

Restons sur la pomme de terre pour simplifier ; et aussi parce que nous avons des données scientifiques solides pour essayer de répondre à ma question initiale : faut-il en avoir peur ?

Selon certains, les hydrates de carbone (glucides) – sous forme d’amidon dans la pomme de terre – de la pomme de terre sont particulièrement nuisibles parce qu’ils sont absorbés très vite et très bien dans nos intestins et provoquent une forte hyperglycémie qui elle-même provoque une réaction insulinique forte.

Ces deux réactions sont physiologiques [pourquoi s’alarmer ?] mais, selon les conventionnels, les hyperglycémies sont à l’origine du diabète de type 2 qui est lui-même une des causes des maladies cardiovasculaires ; et aussi des cancers et autres pathologies du vieillissement.

On a immédiatement compris qu’une brève hyperglycémie de temps en temps a peu de chance d’induire un diabète.

Toute la problématique se trouve dans le « de temps en temps ». Combien de fois chaque semaine mangez-vous des pommes de terre ?

On peut tenir le même raisonnement, grosso modo, pour le pain, les macaronis ou le riz. Tous ces aliments sont en effet riches en glucides rapidement absorbés.

On comprend immédiatement que le contexte sociologique est important. Dans les milieux modestes où on consomme beaucoup d’énergie au travail, il faut apporter de l’énergie rapidement pour maintenir haute la qualité du travail. Les aliments riches en amidon (hydrates de carbone) sont idéaux. Inversement, le travail de bureau…

De même, on peut être sédentaire au travail mais être très actif physiquement en dehors du travail…

Bref, tout cela est bien compliqué et condamner des aliments sous prétexte qu’ils sont riches en glucides et même recommander des régimes alimentaires plus ou moins privés de glucides est d’une grand naïveté.

De nombreux investigateurs, pour aller plus loin via des analyses scientifiques (supposées), ont donc analysé sur des grandes populations si la consommation d’aliments riches en glucides était associée à un risque augmenté de pathologies cardiovasculaires.

Avec quels résultats ?

Je vais faire court. Certains ont analysé l’effet de la pomme de terre [c’est le point central de cet article] sur le risque cardiovasculaire. Je copie le titre et je laisse chacun retrouver l’article via un moteur de recherche quelconque.

Les auteurs concluent que la pomme de terre n’augmente pas le risque.

On peut réitérer le raisonnement à propos du pain et des céréales mais on est confronté à la difficulté majeure [c’est pourquoi j’ai évité d’en faire le point central de l’article] qu’il y a beaucoup de sortes de pains (avec diverses céréales) et que certains utilisent des céréales raffinées alors que d’autres préfèrent les céréales complètes (non raffinées).

Il faudrait une analyse longue pour tenir compte de cette complexité.

Si on reste général et qu’on réduit l’analyse à celle des céréales complètes (blé et seigle essentiellement), il n’y a pas d’augmentation du risque (ci-dessous), sans doute une réduction du risque de pathologies cardiovasculaires..

On peut continuer avec les pâtes alimentaires (spaghettis pour faire court ou « pasta » en anglais à l’italienne) fabriquées à partir de blé dur et constater les mêmes tendances.

Et pourquoi pas à propos du riz, encore un ennemi des ennemis des glucides.

Que nous dit l’épidémiologie ?

La consommation habituelle (modérée) de riz n’est pas associée à une augmentation du risque cardiovasculaire.

Je conclus. Nous voilà rassurés : consommés  de façon adaptée à nos modes de vie et de travail, les aliments riches en hydrates de carbone (glucides) ne sont pas associés au risque de pathologie cardiovasculaire ; c’est plutôt l’inverse !

Ces aliments typiques de la diète méditerranéenne, bon marché et délicieux si la préparation est confiée à des mains appropriées, doivent faire partie de vos habitudes alimentaires.

Bon appétit !