Les inattendus des crises sanitaires modernes : détresse mentale et psychiatrique !

Lors des crises sanitaires modernes, dans le contexte des sociétés spectaculaires et marchandes où il est impératif d’occuper le « terrain médiatique » (comme disent les experts en communication de ces sociétés-là), beaucoup se précipitent pour donner leur avis, académiciens et ministres (et sous-ministres) en tête de convoi.

Tout ce « petit monde » ferait mieux de se taire car, de Paris rive droite à La Cannebière, on ne compte plus les autorités qui se sont ridiculisées.

En si peu de temps.

Les « commentateurs » de l’actualité ne pourront pas dire qu’ils ont été pris au dépourvu.

Mais pendant ce temps, les gens du peuple vivent et souffrent.

Pour ceux qui savent observer et analyser avant de s’exprimer, il est parfois difficile de faire la part des dégâts occasionnés par la crise sanitaire elle-même et ceux provoqués par les décisions (parfois arbitraires mais généralement peu réfléchies) des autorités sanitaires pour selon elles limiter les effets délétères de (en l’occurrence ces jours-ci) la pandémie COVID-19.

Il faudra plusieurs années aux scientifiques pour analyser cette pandémie et ses effets réels, notamment la mortalité (ou la létalité) réellement attribuable à la COVID-19.

Toutefois, certains paramètres sont plus facilement analysables et les facteurs de confusion (qui assombrissent le paysage à analyser) sont plus aisément identifiables ; ce qui facilite le travail du scientifique.

Il en est ainsi des manifestations psychiatriques observées pendant la COVID-19.

A ce jour (6 Septembre 2020), il est impossible de donner des chiffres précis en termes de suicides réussis (décès enregistrés comme tels) ou de tentatives de suicides. Dans ce domaine aussi, il faudra du temps pour séparer les données solides des autres. Soyons prudents, donc.

Je relève toutefois que les professionnels du secteur (les psychiatres) sont très inquiets, notamment aux USA et publient de multiples alertes qui probablement traduisent leur expérience quotidienne auprès des patients à risque de suicide.
Je recommande la lecture d’un article américain récent [JAMA Psychiatry Published online April 10, 2020] qui, faute de chiffres précis, énumèrent tous les facteurs qui font craindre une épidémie silencieuse mais très actuelle de suicides aux USA.
Ils parlent d’un « perfect storm », c’est-à-dire une « terrible circonstance » (traduction libre).

Mais une autre étude [JAMA Network Open. 2020;3(9):e2019686 ; avec des chiffres cette fois-ci] me paraît plus inquiétante.

Ces auteurs rapportent que les symptômes de grave dépression [celle qui peut conduire à un suicide] ont été multipliés par 3 (trois) au cours des mois de COVID-19 aux USA.

Ceux qui savent observer les sociétés dans lesquelles ils vivent ne seront pas étonner d’apprendre que c’est le « petit peuple » qui est surtout menacé et qui surtout exprime souffrance et détresse.

Pourquoi ?

Parce que c’est surtout ce « petit peuple » qui est exposé aux facteurs qui conduisent à la dépression et au suicide.

Quand j’écris « petit », je ne pense pas « anatomie » ou hauteur de taille mais à ceux qui sont « petits » socialement et professionnellement, les sans-grades et les « laisser-pour-compte ». Ça fait du monde, beaucoup de monde dans nos sociétés où paradent les riches et privilégiés.

Autant les plus âgés que les plus jeunes sont concernés par les mesures dites de « distanciation sociale » (dont j’ai déjà parlé dans un article précédent).

Les moins jeunes et moins âgés sont eux pris dans l’étau du chômage et des pertes de revenus. Et ce sont évidemment les sans-grades d’avant la COVID-19 qui paient le plus lourd tribut pendant la COVID-19.

Je laisse chaque lecteur réfléchir à ces questions ; je ne prétends avoir des solutions ; je ne prétends pas, par exemple, qu’il ne fallait pas confiner quand la catastrophe hospitalière était imminente en Février 2020.

Inversement, de façon silencieuse mais sournoise, beaucoup parmi nous souffrent de la misère sociale qu’impliquent les multiples décisions stupides des autorités sanitaires avec la complicité de politiciens toujours aussi opportunistes et frileux !