La crise de la publication scientifique (et de l’information médicale)

On pourrait croire que cette question concerne surtout les scientifiques, les personnes qui publient des articles scientifiques.

C’est-à-dire ceux qui diffusent (disséminent) un Savoir et ce Savoir est supposé « scientifique ».

En fait, ceux qui lisent ces articles (les comprennent parfois) sont aussi des scientifiques qui aspirent à un nouveau Savoir, des découvertes comme disent les médias…

Je laisse de côté les « amateurs » des médias qui essaient de comprendre et trop souvent diffusent des informations erronées dictées par les intérêts économiques de leurs sponsors. Il y a quelques exceptions certes mais très peu dans cette tragique période post-COVID.

Ce qui fait jaillir une question encore plus essentielle : qu’est-ce qu’un Savoir scientifique ? Par rapport bien sûr aux autres formes de savoirs…

Répondre à cette question (absolument fondamentale) nous entrainerait trop loin par rapport au sujet de la question posée dans le titre La crise de la publication scientifique.

Mais à propos de ce savoir scientifique, j’en dis un mot pas plus (promis) : c’est toute l’Histoire de la philosophie, depuis Socrate jusqu’à Spinoza et enfin Kant et Nietzsche, qui recouvre  cette question du Savoir, scientifique ou pas…

Restons avec cette crise de la publication scientifique.

Elle est réelle et tragique pour les scientifiques car les articles publiés sont les moyens par lesquels les scientifiques font connaître leur travail, et assurent ainsi la promotion de leurs résultats et donc la progression de leur carrière (salaire, retraite…).

Ceux qui aujourd’hui dans différents médias généralistes déplorent cette crise sont évidemment ceux qui en profitaient abusivement, c’est-à-dire les grandes entreprises du secteur de l’édition [Elsevier et Springer, par exemple) mais aussi ceux qui publiaient beaucoup (et n’importe quoi) du moment que cela contribuait à leur propre business. Je donne un exemple tout de suite.

Un aparté : chaque semaine, dans chaque domaine spécifique de la médecine, des centaines d’articles sont publiés et il est évidemment impossible pour un professionnel sérieux de « suivre l’actualité ». Ce n’est pas grave car la majorité des articles publiés sont sans intérêt. Chaque professionnel sérieux doit ainsi « dénicher » des sources d’information sérieuse.

Je prends l’exemple des vaccins (c’est ça mon exemple) : aucune (j’ai bien écrit « aucune ») revue médicale n’apporte aujourd’hui une information crédible (scientifique) sur la médecine des vaccins. L’épisode Covid-19 a définitivement enterré – je pèse mes mots – cette discipline médicale.

De même, qui peut encore croire ces jours-ci, les yeux fermés (comme je l’ai longtemps fait) les articles rapportant des essais cliniques publiés dans le New England Journal of Medicine ou le Lancet ? Ou d’autres revues médicales ?

A qui la faute ? A tout le monde : les éditeurs, les arbitres (reviewers en anglais) qui encouragent ou pas la publication, les sponsors mais surtout les auteurs et investigateurs (supposés scientifiques) qui s’abandonnent à ces pratiques lamentables : inventions, falsifications, mensonges tout est bon pour avoir son nom dans un article…

Mais ce n’est pas nouveau, en fait.

Depuis 2005 environ et l’épouvantable scandale des Coxibs, les vrais professionnels du secteur ont compris que les industriels et les éditeurs se moquaient d’eux. C’était – je l’ai décrit et écrit maintes fois depuis 20 ans, notamment à propos des médicaments anticholestérol – le triomphe de la médecine spectaculaire et marchande.

« Marchande » car plus rien n’échappe à la marchandisation de la santé ; le business est roi ; lui seul peut et doit exister !

« Spectaculaire » car tout est fait pour faire croire aux praticiens et leurs patients l’exact contraire des réalités… Si on vous annonce un miracle ou une avancée majeure en médecine, il est probable que c’est une fiction construite (par des experts) pour tromper.

Mais pourtant (soyons objectifs) dans ce fatras dégoutant, il y a quelques perles et il il faut savoir les identifier. Elles sont rares mais elles existent. Comment faire ?

Nous n’avons plus de référence objective car nous savons qu’il suffit de payer les éditeurs de ces journaux pour être publiés. Ainsi, presque seuls les industriels des produits de santé (et leurs complices, en toute discrétion) peuvent « se payer »  de telles publications.

Résultat : Je ne lis plus ces journaux, c’est une perte de temps ! Et je ne suis pas le seul à chercher d’autres voies d’information.

De leurs côtés, les universités et les Instituts de recherche, par exemple, ne s’abonnent plus (ou de moins en moins) à ces grande revues. En un mot, l’INSERM n’est pas plus crédible que l’AFP ; c’est peu dire…

Chaque professionnel doit trouver sa solution dans son domaine spécifique. Ce n’est pas facile et nous pouvons nous tromper. Soyons discrets et humbles tant que nous n’avons pas de donnée solide. Cessons ces bavardages ininterrompus ! Faisons silence pendant que nous travaillons : sur le terrain (avec les patients) de façon pragmatique et intellectuellement via nos sources d’information crédibles.

Le cœur du problème (et c’est évidemment aussi la solution) se trouve dans les labos et les instituts de recherche (y compris les universités) : rétablir l’indépendance et l’honnêteté des investigateurs. Plus aucun compromis avec le Spectacle et la Marchandisation !

La protection (et le rétablissement quand nécessaire) de la santé des populations doit être uniquement et intégralement du ressort de la médecine scientifique !

Parfois certes dans la pratique quotidienne, la médecine scientifique ne répond pas aux questions soulevées par les médecins et leurs patients. Dans ces cas, c’est évidemment le savoir-faire et l’intuition du couple médecin/patient qui doit prévaloir indépendamment de toute pression commerciale ou administrative.

Le meilleur exemple de cette circonstance est la médecine des vaccins. Nous ne savons rien de sûr à propos de la plupart (tous en fait) des vaccins aujourd’hui obligatoires en termes d’efficacité (utilité) et d’innocuité. En conséquence, aucun vaccin ne devrait être obligatoire ! La décision de vacciner ou pas un nourrisson devrait dépendre du médecin [à condition qu’il ait compris la crise de la publication scientifique et qu’il est soumis à une désinformation systématique des autorités] et des parents.