Les traitements de l’hypertension provoquent des cancers

Régulièrement, des auteurs très sérieux (généralement des épidémiologistes, parfois des médecins) travaillant pour un département de Santé Publique d’un gouvernement d’un pays développé) annoncent qu’ils observent plus de cancers chez des patients traités pour hypertension artérielle (HTA pour les intimes) avec un médicament.
J’ai dit « régulièrement » et pas « fréquemment » car ce genre d’études indépendantes de toute pression commerciale est rare ; pour différentes raisons, notamment parce qu’elles sont difficiles, nécessitant le croisement de multiples fichiers et beaucoup de vérifications …
… car de telles alertes provoquent immanquablement de violentes réactions de la part de l’industrie pharmaceutique et de ses affidés, y compris du côté des universités et des académies de ci ou ça …
Bref, seuls des professionnels courageux (dont la carrière dans la fonction publique est bien assise) peuvent se permettre ce genre de petites incartades déplaisantes susceptibles de provoquer du courroux ; et de froides  vengeances !
Préférable d’être en fin de carrière et de n’avoir rien à demander à ses collègues, ou besoin de rien  … On vous coupera même la clim …
Bref, une fois ce sont les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, une autre fois les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA- II ) ou sartans, une autre fois encore les bloqueurs calciques.
Ces rapports sont immédiatement suivis de commentaires « outrés » de la part de nos habituels défenseurs des intérêts de l’industrie pharmaceutique … et puis, et puis, faute de consensus (évidemment !), le débat s’épuise, et on oublie, et les patients continuent de prendre leurs médicaments et les médecins de les prescrire, imperturbables, répondant aux questions de leurs patients par le traditionnel « c’est pas clair, surtout ne changez rien ! »
La dernière livraison concerne les bloqueurs calciques et, ça n’est pas fréquent, une augmentation d’un cancer bien particulier, celui du sein.
L’étude est intéressante à plusieurs titres, je m’arrête sur deux : les investigateurs n’ont examiné que les cancers du sein, et que chez des femmes ménopausées traitées pour hypertension et pour rien d’autre.
Ces précautions permettent de se prémunir contre de nombreux biais qui ne sont pas rares dans les études épidémiologiques d’observation du type cas-contrôle.
Ce n’est pas la première fois que des études indépendantes de l’industrie trouvent une association entre le traitement médicamenteux de l’hypertension et le risque de cancers. L’avantage de ces études est qu’elles permettent d’examiner l’effet d’une longue exposition au facteur cancérigène et dans la vraie vie, et notamment chez des personnes plus âgées que celles recrutées dans les essais cliniques. L’inconvénient est qu’il n’y a pas de groupe témoin constitué par tirage au sort.
Les défenseurs de ces médicaments sont généralement (très) proches de l’industrie et quand ils sont médecins, ce sont de gros prescripteurs ! On comprend leur malaise ; peu de médecins ont envie de s’entendre dire que les médicaments qu’ils prescrivent donnent des cancers.
Leur principal argument est de dire que les essais cliniques (avec vrai groupe témoin)  testant ces médicaments n’ont pas confirmé l’effet pro-cancer. C’est généralement vrai ; mais …
Ils oublient de dire toutefois que ces essais sont généralement courts (une durée d’exposition deux à trois fois plus courte que les études épidémiologiques) et conduits chez des gens plus jeunes et sélectionnés justement pour avoir peu de risque d’effet secondaire nocif, notamment des cancers ! C’est pas la vraie vie quoi !
Mais la principale différence concerne évidemment les investigateurs : ceux des essais cliniques qui détiennent les données brutes qu’ils « laissent passer » ou non dans les rapports et publications sont des employés des industriels !
Ils ne sont pas payés pour autre chose que pour faire la promotion de leurs médicaments  dans le cadre d’un business bien organisé !
Crédibilité proche de zéro !
Pour avoir le courage de les croire, il faut une condition : avoir soi-même été payé pour les croire ! Ce n’est pas rare, hélas !
S’ils veulent être crus sur parole, qu’ils nous laissent avoir accès aux données brutes de chaque patient ! On de demande rien de plus. Mais ils ne veulent pas !
Quelque chose à cacher ?
Quand nos petits enfants sauront le calibre des « couleuvres » qu’on nous aura fait avaler, ils en riront très fort !
Bon, pas de doute : les médicaments qui vasodilatent les petits vaisseaux qui entourent les tumeurs favorisent le développement de ces dernières.
C’est le cas des bloqueurs calciques ! Bien montré dans cette étude !
Mais c’est aussi le cas des autres  !
Bonjour chez vous !