La guerre de l'obé$ité aura t-elle lieu ?

L’industrie du médicament traverse une crise gravi$$ime ; et licencie partout !
La perte des brevets, c’est-à-dire le passage des  « bijoux de famille » en génériques, et l’absence de nouveautés tangibles donnent à leurs bilans financiers (surtout à venir) une profitabilité accablée …
Mauvaise gestion ! Depuis longtemps ! Vision térébrante du futur ! Désastreux !
Ils ont ce qu’ils méritent ! Mais nous on a encore  besoin d’eux, hélas …
Il faut donc exploiter ce qui reste, notamment ce qui parle encore un peu aux consommateurs, patients et médecins ; les médicaments anti-cholestérol évidemment ; mais aussi – et là c’est plus curieux pour des français qui sont encore sous le coup du « Médiator » – les médicaments anti-obésité ou visant à faire maigrir.
On laisse de côté les $tatine$ pour le moment, la polémique suit son cours, on y reviendra …
Pourquoi une offensive brutale pour encourager la consommation des médicaments anti-obésité maintenant ; et comment font-ils ?
Maintenant parce que « faute de grive, on se contentera de merle » … En d’autres termes, le marché de l’obésité reste large et dynamique, notamment aux USA, leader en tout … et donc il y a encore du profit à faire de ce côté.
A condition, toutefois, d’avoir quelque chose à proposer, un minimum acceptable, et de faire taire toute critique susceptible de « ralentir » le marché … Ça c’est le « comment font-ils ? »
Ainsi nous assistons depuis quelques semaines à des offensives tout azimut qui, la semaine dernière, ont atteint un niveau de cynisme à rendre jaloux le plus dynamique propagandiste des $tatine$.
Deux titres récents :
1- « New obesity drugs do work » [traduction : Les nouveaux médicaments anti-obésité, ça marche !]
C’est un commentaire dans Medpage today (par Kristina Fiore)  à propos d’une méta-analyse publiée dans le JAMA 2013; DOI:10.1001/jama.2013.281361.
Pour documenter cette grande nouvelle, on nous annonce qu’on peut obtenir sur une année une diminution de 3 à 9% de son poids. Comptez entre les deux par prudence (et encore, on peut douter … population sélectionnée, etc …) ; bref si vous pesiez 100 kilos, vous pouvez espérer en peser 95, au risque d’effets secondaires importants (orlistat, lorcaserin, phentermine [ça ne vous rappelle rien, par hasard ?]) sinon encore mal connus.
Pas si mal diront certains, sauf si ça ne vaut pas la peine et c’est l’objet de la seconde offensive résumée ci-dessous :
2- « Fat but fit!  Is it just a myth? » [traduction : « gras mais en forme » n’est-ce qu’un mythe ?]
C’est un commentaire dans Medpage today (par Salynn Boyles) à propos d’un article dans Ann Intern Med 2013;159:758.
Ici on veut dénigrer toute une école de pensée très « made in America » consistant à dire qu’être en surpoids n’est pas un problème à condition d’être en forme. C’est le fameux slogan : « It is better to be fat and fit rather than unfat and unfit » [traduction : il est préférable d’être gros et en forme plutôt que maigre et pas en forme] ; le concept de « en forme » traduit ici qu’on n’est pas gros parce qu’on est sédentaire, fumeur et apathique sur son canapé et qu’on est capable d’une réelle activité physique; bref « en forme » !
Bon, nous allons suivre les péripéties mais nous donnons notre avis tout de suite ; nous l’avons déjà écrit et expliqué dans notre livre « Prévenir l’infarctus » : ça ne sert à rien de perdre du poids avec un médicament si on ne modifie pas son mode de vie ; et si on change son mode de vie vraiment et qu’on ne perd pas de poids [ça serait étonnant !], ce n’est pas grave car le problème c’est le mode de vie pas le poids ! Au moins pour une échelle de poids qui n’atteint pas les obésités dites « malignes ».
Et maintenant pour distraire ceux qui sont allés jusqu’au bout de cet article, un petit intermède musical avec Waltraud Meier :
http://www.youtube.com/watch?v=qGbmjX7AYyU
Il faut aimer Tristan, certes, sinon …