CONFERENCE A CATANIA (SICILIA) LE 2 DECEMBRE 2009
A l’invitation de la « International Society of Horticultural Science » et de la « International Society of Citriculture », je donnerai le 2 décembre à Catania (en Sicile) une conférence sur les effets physiologiques (sur l’animal et l’homme) de certains polyphénols.
Le Congrès dont je serai un des invités d’honneur est essentiellement consacré aux recherches contemporaines sur les agrumes.
Les agrumes (« citrus » en anglais) contiennent de nombreux polyphénols. Je ne vais pas ici faire la liste des agrumes (citron, oranges, etcetera) et encore moins celle des polyphénols que les agrumes développent en leur sein pour toutes sortes de bonnes raisons sans doute.
Le titre de ma conférence « pleinière » comme on dit en France (« plenary lecture » disent nos amis anglophones) est :
« Biological and health protective effects of some flavonoids »
En bon français, ça veut dire : « Effets biologiques et bénéfiques pour la santé de certains flavonoïdes ».
Les flavonoïdes sont une classe particulière de polyphénols.
Pourquoi ai-je sélectionné « certains » flavonoïdes ?
Parce que, avec mon équipe à Grenoble, nous avons beaucoup travaillé au cours des 4 dernières années sur certains flavonoïdes dans le cadre d’un Consortium Européen appelé FLORA.
Qu’est-ce que c’est qu’un Consortium Européen ?
C’est un groupe de laboratoires ou d’équipes de recherche originaires de plusieurs pays européens et qui se sont constitués en Consortium pour demander un financement à la Communauté Européenne. Ces demandes répondent à des appels d’offre de la Communauté Européenne qui sont lancés à peu près tous les 4 ans. C’est assez difficile (très difficile, en fait) d’être sélectionné pour un financement européen et, au grand désespoir de l’administration de la recherche en France, les chercheurs français sont globalement très peu performants pour l’obtention de ces financements, surtout par comparaison avec les anglais ou les italiens. C’est un fait connu, il n’y a aucun mauvais esprit dans cette constatation, et c’est hélas une autre façon d’évaluer le niveau international de la recherche française, dont notre administration (sus-citée) connaît parfaitement la médiocrité ascendante. D’où les projets répétés de réforme de la recherche en France qui se heurtent systématiquement à l’opposition des chercheurs qui globalement ne cessent de se plaindre d’un manque de moyens (ce qui est incontestable) chronique mais se voient eux-mêmes et s’auto-évaluent (une spécialité très française) avec une extraordinaire autosatisfaction ! Je ne dirai rien de plus sur ce sujet pour le moment (ce blog n’est pas fait pour ça !) mais si certains lecteurs me provoquaient, je n’hésiterais pas longtemps !
Un consortium n’a de chance d’obtenir un financement que s’il répond à certains critères, le plus important étant de réunir des équipes de très haute qualité de plusieurs pays européens. En d’autres termes, pour être intégré à un consortium gagnant, il faut avoir une très bonne réputation (internationale) et un bon carnet d’adresses. Les simagrées pseudo scientifiques « à la française » ne servent à rien dans un contexte aussi compétitif.
Donc, mon équipe (intégrée dans un consortium européen FLORA) a obtenu un excellent financement de la Communauté Européenne (en toute modestie, j’ajouterai que c’était notre quatrième financement européen ce qui agace beaucoup certains concurrents français) pour travailler sur certains flavonoïdes, les anthocyanidines pour être précis, et nous avons fait des découvertes importantes !
C’est pour cette raison que je suis invité à Catania, où j’aurai ainsi l’occasion de faire le bilan de 4 ans de recherche.
Inutile de préciser que nos résultats et découvertes n’auraient pas été possible sans la collaboration de la dizaine d’équipes de recherche constituant le consortium FLORA.
Ceci n’a rien d’extraordinaire mais est la conséquence d’une politique européenne de la recherche (fort dynamique) dont l’administration française devrait s’inspirer, notamment pour ce qui concerne l’évaluation des équipes et des chercheurs, mais c’est une autre histoire !
Dès que j’aurai un peu de temps, et surtout si quelques visiteurs-lecteurs m’y incitent, je ferai un rapide bilan de nos découvertes, que l’on peut trouver déjà en anglais (et sous la forme ampoulée et indigeste des rapports scientifiques) avec nos publications.
Autre bonne nouvelle : nous venons d’obtenir un nouveau financement de la Communauté Européenne (très impressionnée par nos recherches et découvertes) pour continuer nos recherches sur les polyphénols.
Cette fois-ci, le consortium s’intitule ATHENA et le financement concerne la période 2010-2015.
Chère Christina, Je suis tellement content que tant de réactions me parviennent concernant la prise de conscience vis à vis de la question du cholestérol et des statines. Je suis content tous les jours, donc. Outre ce blog, je reçois tous les jours des messages, et surtout des témoignages de patients, qui confirment les vues que j’ai exprimées dans mes livres. De nombreux médecins se rebellent également, mais restent très timides quand à le faire savoir … Cela se comprend fort bien : on se sent un peu bête d’avoir cru à de telles âneries ! Concernant une photo, vous pouvez prendre celle qui est sur ce blog, cherchez un peu, vous trouverez : j’ai toujours la même tête et les mêmes lunettes. Amicalement
Bonjour M. De Lorgeril,
le magazin "plus" allemande vais publier un article "Cholesterol" et on veux publier que il y a beaucoup des mesonges et malentendus contre le cholesterol et pro statine. Ca veux etre tres bien pour nous, si on peux representer vous avec un foto. Est-ce qu’il y a possible, de nous envoyer un foto digital de vous?
Merci beaucoup d’avance. Meilleures salutations, Christina Soltani
Jacques Testart est effectivement un grand monsieur !
Cher Michel
Merci d’avoir pris le temps de répondre.
En effet, il faut avoir l’étude pour pouvoir l’analyser en détail.
Je suis toujours surpris de la rapidité des médias généralistes pour faire état de conclusions péremptoires.
TF1 en a même parlé à son journal, mais avec un peu plus d’avis critique, ce qui m’a surpris.
Comme quoi, quand on détient la parole dans les médias, on "fait la vérité".
Heureusement qu’il y a des blogs comme le votre .
Dans un autre domaine : les bio-technologies en général et tout ce qui touche à la "génétique" et l’ADN en particulier, j’ai découvert le blog de Jacques Testart que je conseille vivement : jacques.testart.free.fr/
Cher Marc, Merci de votre message et finalement de votre confiance dans mon aptitude à analyser des études se prétendant scientifiques. Il faudrait prendre un peu de temps pour une analyse fine de l’article de l’American Journal of Clinical Nutrition et surtout l’avoir en main, ce qui n’est pas le cas pour le moment (je l’ai demandé aux auteurs) car c’est sur la base de cet article que nos amis des médias se sont exprimés, et ont déliré une fois de plus. Par contre, j’ai à ma disposition les deux rapports d’expertise complets (à partir desquels l’article de l’Am J Clin Nutr a été écrit) et (sur la base de ces deux rapports) ma conclusion est totalement différente de celle des auteurs. Nous entrons donc dans une polémique-controverse où chaque argument doit être soigneusement étayé. Une réponse à un commentaire dans un blog ne s’y prête évidemment pas. Il faudrait que j’écrive un billet spécifique pour expliquer clairement les choses à mes visiteurs. Je vais le faire dès que j’aurai le pdf de l’article dans l’Am J Clin Nutr, mais je crains fort que la qualité de celui-ci soit loin du contenu des rapports (commandés par la Food Standards Agency) qui ne laissent planer que peu de doutes pourtant sur l’évidente supériorité des aliments bio, sans même tenir compte des contenus en pesticides. Une remarque concernant votre message : il ne s’agit pas d’une méta-analyse ! Quand à l’auteur principal, je ne le connais pas, mais sa courte liste de publications suggère qu’il est jeune et quelque peu innocent ! Quand aux conflits d’intérêt potentiels, ils ne transpirent pas des rapports. Franchement, je trouve que, au-delà des faiblesses méthodologiques (que nous ferons semblants d’ignorer poliment), les informations fournies permettent des conclusions assez claires. Amicalement
Cher Marc, Nous partageons la même vision de la recherche médicale. Vous utilisez le mot « gangrénée ». C’est le mot juste sans aucun doute. La catastrophe actuelle trouve son explication principale dans le fait que la recherche médicale la plus importante (la seule qui puisse démontrer des relations de causalité en clinique humaine), donc les essais cliniques, a été abandonnée à la recherche privée, lucrative par définition. Aux USA, c’est une politique déterminée par le fait que le « business » gouverne la société. Les choses ne sont pas dites de cette manière évidemment, mais l’état américain (c’est à dire la classe dominante qui détient le pouvoir) ne souhaite qu’une chose : que le capitalisme prospère ! La recherche publique et les universités ne sont considérées que comme des appoints à ces activités lucratives. Si à l’époque de l’état-providence qui a suivi la seconde guerre mondiale (pour se concilier les peuples face à la menace communiste soviétique), on a fait de la recherche publique un instrument d’égalité sociale, cela n’est plus nécessaire depuis la chute de l’empire soviétique. Plus besoin d’état-providence, plus besoin de recherche publique autonome et libre. La recherche scientifique publique américaine est en voie de déliquescence et ne survie que grâce aux apports massifs de migrants, et uniquement dans des zones où une exploitation technologique lucrative est envisageable à court terme. En France, la recherche publique a également abandonné la recherche clinique à l’industrie pharmaceutique, la différence avec les USA étant que cela a été dit ouvertement par les dirigeants de l’époque avec des justifications tellement ridicules qu’on peut en dire qu’elles étaient caractéristiques de la fausse bonne conscience de la gauche française. Pas de virement de bord depuis ! En un mot, les financements européens sont basés sur une évaluation remarquable (je connais assez bien les procédures car je suis expert pour la Communauté Européenne) où les biais et « magouilles » (typiquement français certes mais aussi typiques d’autres pays européens) étaient très difficiles à mettre en place jusqu’à récemment. L’explication la plus simple est que cette administration est trop jeune pour que des réseaux d’influence aient eu le temps de se mettre en place. La deuxième explication est l’extraordinaire qualité des fonctionnaires européens en charge de l’administration de la recherche en Europe : la crème de chaque pays ! Ceci dit, la Communauté Européenne ne finance pas les essais cliniques, donc la recherche clinique la plus importante, et elle rejoint en ceci les mentalités aux USA : c’est du domaine du lucratif direct donc des industriels. Cela ne sera possible que le jour où chaque pays, puis le Parlement Européen, auront réformé les principes de base de la recherche clinique. Le principe de base de cette réforme doit être : cette recherche doit être conduite par des équipes et investigateurs indépendants des sponsors (les industriels demandeurs) qui financent cette recherche ! Cette réforme doit être entreprise de façon autoritaire car jamais les industriels ne l’accepteront spontanément.
Bonjour
Merci pour cet article intéressant sur l’évolution de vos recherches.
Vous nous mettez "l’eau à la bouche" concernant vos découvertes et j’aimerai bien en savoir un peu plus.
Par ailleurs vous soulevez le problème des financements de la recherche , et de l’évaluation des découvertes.
Pour ceux qui s’y intéresse, c’est un problème particulièrement préoccupant car comme la recherche est majoritairement financée par des fonds privés , l’évaluation des travaux de recherche est particulièrement difficile d’autant que la plupart du temps , les chiffres bruts ne sont pas accessibles et les conflits d’intérêts sont bien souvent non déclarés. De plus les recherches négatives ne sont le plus souvent pas publiées.
Mais tout cela vous le savez bien mieux que moi.
Ma question concerne justement ces financements publics. Sont-ils parfaitement public?
N’y a-t-il pas des participations privés avec un risque de conflits d’intérêts ?
Pour aller plus loin, quelle est votre analyse en tant qu’acteur de terrain, pour se prémunir des conflits d’intérêts qui j’ose le dire gangrène la recherche scientifique médicale.
Comment permettre à la recherche de progresser en trouvant des budgets libres de tout conflit d’intérêt.
D’avance , merci