Entretien en français sur la diete mediterraneenne

Jean Louis Peytavin, journaliste au Brésil, m’a donné l’autorisation de mettre en ligne sur ce blog ce texte correspondant à un entretien qui sera présent sur quelques sites brésiliens. J’espère que cela pourra aider quelques visiteurs qui ont plus de facilités en portugais qu’en français. Bonne lecture !

Ceci est la traduction (provisoire) du billet, publié le 19 Mars 2010.


Michel de Lorgeril et l’alimentation méditerranéenne

Cardiologue spécialisé dans la nutrition, Michel de Lorgeril travaille au laboratoire du CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), et d’Université de Grenoble (France).

Dans les années 90, il a contribué à la promotion de la diète méditerranéenne, avec la publication des Etudes de Lyon (Lyon Diet Heart Study).

Depuis Michel de Lorgeril publia de nombreux articles et livres sur la nutrition et la protection cardio-vasculaire, et sur d’autres sujets connexes comme l’alcool, le cholestérol, le « paradoxe français », sans crainte de la polémique.

Il fait valoir que des mesures simples de changement dans les habitudes alimentaires sont nécessaires et suffisantes pour empêcher la majorité des maladies cardio-vasculaires et que l’accent mis sur la lutte contre le cholestérol (et médicament anti-cholestérol) est erronée.

La recherche du Dr Michel de Lorgeril montre clairement la complexité, les contradictions et les implications socio-économiques de la recherche scientifique en matière de soins de santé dans le monde d’aujourd’hui.

Nutritionniste Brésil (NB) – Comme pour l’étude du régime alimentaire de la Méditerranée, quand avez-vous commencé vos premières études sur le thème de la nutrition et son cœur ?

Michel de Lorgeril (ML) – J’ai commencé à étudier la relation entre la nutrition et les maladies cardiovasculaires quand je travaillais à l’Hôpital Universitaire de Genève, en Suisse, en 1980 sur le thème des plaquettes et la thrombose. J’ai remarqué que le pouvoir particulier des Eskimos ont eu des conséquences importantes en termes de thrombose et d’hémorragie. Ensuite, j’ai essayé de comprendre la relation entre la nutrition et la thrombose et me suis intéressé à la théorie de la diète méditerranéenne. Nous avons fait un accord avec une équipe de l’Inserm de Lyon (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), dirigée par Serge Renaud, qui fut l’investigateur principal, de procéder à une intervention randomisée.

NB – Le régime méditerranéen comprend une variété de traditions culinaires de Grèce, d’Italie, de France aux pays d’Afrique du Nord. Quels sont les grands principes qui rassemblent toutes ses cuisines ?

ML – La variété de la cuisine est réelle, mais en termes scientifiques, quand on pense en éléments nutritifs et non alimentaires, nous pouvons voir qu’il y a une grande homogénéité dans les habitudes traditionnelles des peuples de la Méditerranée. Par exemple, si nous limitons notre façon de penser à des lipides, on peut dire que le régime méditerranéen traditionnel se caractérise par :

  • 1) réduire la consommation d’animaux saturés ou de légumes;
  • 2) une forte consommation de légumes mono insaturés;
  • 3) réduire la consommation de gras mono insaturés animaux gras;
  • 4) réduire la consommation d’oméga-6 polyinsaturés, animales ou végétales;
  • 5) une forte consommation de gras oméga-3 polyinsaturés, des légumes et des animaux;
  • 6) Pas de consommation d’acides gras transe industriels.
  • Cette description est un peu révoltante/outrante, mais le seul point juste vue scientifique est qu’il permet une conceptualisation des habitudes alimentaires.

    NB – Si le couscous d’Afrique du Nord est un exemple de recette de la Méditerranée, quelles sont les caractéristiques qui en font un repas complet du point de vue de la diète méditerranéenne ?

    ML – Le couscous est un plat complet, indépendamment de son caractère méditerranéen : elle a de bonnes proportions de sucres lents (céréales), de légumes, de protéines (animales et végétales) et de graisses animales et végétales. Il était idéal dans les pays où la malnutrition est le principal problème.

    NB – Dans les premières études, vous avez utilisé une huile de canola margarine comme une source d’acides gras oméga-3. Pourquoi avez-vous choisi cette huile?

    ML – De colza (huile et margarine) a été utilisée comme un substitut du beurre (qui était «interdit» aux patients dans le groupe expérimental) ou l’huile d’olive lorsque les patients ne veulent pas utiliser cette huile. Le canola a l’avantage d’avoir une grosse composition en acides gras à celle de l’huile d’olive, acides gras oméga-3 plus.

    NB – L’huile de canola est riche en acide alpha-linoléique (ALA), tandis que les poissons gras sont riches en acide eicosapentaénoïque (EPA) et acide docohexaenóico (DHA). Ce que nous savons aujourd’hui sur les intérêts respectifs des différents acides gras oméga-3 et de son absorption ? Quelles sont les recommandations pour sa consommation ?

    ML – Certaines populations méditerranéennes consomment peu d’EPA et d’DHA (poissons gras, voire peu) mais cependant, sont protégés. Même plus, leur concentration sanguine de l’EPA et le DHA ne sont pas élevés, mais ils sont insuffisants. En effet, contrairement à ce que disent certains, la synthèse d’EPA et de DHA à partir de l’ALA n’est pas aussi mauvaise (elle dépend d’autres habitudes alimentaires) et d’approfondir les connaissances en concentrations ALA semble pas permettre « suffisante » en EPA et DHA. Les recommandations actuelles (environ 1 g d’EPA + DHA et d’au moins 2 g d’ALA par jour) d’éviter les lacunes ou les faiblesses.

    NB – Dans quelle mesure est-il nécessaire d’utiliser des suppléments d’oméga-3 (sous forme de capsules), ou des aliments enrichis en oméga-3 ?

    ML – Certains patients présentant des facteurs de risque (pour diverses raisons) sont incapables (pour diverses raisons) auront suffisamment de contributions en oméga-3 par la modification des habitudes alimentaires. Capsules d’huile de prescription ne peut être sauvé dans ces cas, par exemple immédiatement après un infarctus du myocarde.

    NB – La cuisine française est reliée à la cuisine méditerranéenne et d’autres traditions. On parle beaucoup du paradoxe français (régime riche en graisse, mais peu agressive pour le système cardio-vasculaire). Ce paradoxe existe-t-il vraiment ?

    ML – La cuisine française est très variée et n’est pas Méditerranéenne, sauf dans le sud de la France dans la zone de climat méditerranéen. Il suffit de comparer les traditions culinaires de la plupart des régions françaises avec les caractéristiques «gras» de la diète méditerranéenne décrit ci-dessus pour comprendre. Donc, effectivement, la prévalence des maladies cardio-vasculaires est relativement faible en France, en général, en comparaison avec les pays occidentaux dont les habitudes alimentaires sont souvent plus « prudentes » (c’est à dire moins susceptible d’augmenter le taux de cholestérol) que les Français. C’est ce que nous avons appelé le paradoxe français.

    NB – Comment peut-on expliquer ce paradoxe aujourd’hui ?

    ML – La seule explication solide (sur plusieurs hypothèses intéressantes) de ce paradoxe est la consommation importante de vins par les Français, que l’absolument parfait mélange d’éthanol et polyphénols.

    NB – En France, le vin a été récemment l’objet de discussions entre les oncologues (qui ne conseille pas) et les cardiologues, qui sont favorables à une consommation modérée. Quelle est votre opinion ?

    ML – Cette controverse est très artificielle, et, en fait, le seul Institut National du Cancer (INCA) français se trouvait sur cette question, qui n’est pas étayée par des faits prouvés. En fait, il n’y a pas de controverse. Les données scientifiques, à la limite qu’ils sont l’observation, car nous ne pouvons pas faire des expériences à long terme avec de l’alcool, sont relativement clairs : la consommation modérée d’alcool, surtout du vin, ne pas augmenter le risque de cancers et, au contraire, de réduire le risque de certains cancers, comme les lymphomes ?

    NB – Apparemmen
    t il y aurait un malentendu en ce qui concerne le régime méditerranéen, que le régime alimentaire serait un peu grasse pour certains, tandis que le taux de matière grasse serait moins importante que la quantité et la variété de légumes et de fruits. Quelle est votre opinion?

    ML – La quantité totale de gras n’est pas un facteur déterminant dans le régime méditerranéen par rapport aux autres modèles nutritionnels. C’est la qualité et le type de gras qui sont fondamentaux, comme expliqué ci-dessus.

    NB – Sur le même sujet, comment pouvons-nous comprendre la différence entre le régime méditerranéen, ce qui serait formidable pour le cœur, et supérieur régimes riches en graisses, comme la cuisine du Sud-Ouest de la France, qui ne serait pas si mauvais pour le cœur (paradoxe français). Comment expliquer cette différence ?

    ML – Il y a trop grasse cuisine méditerranéenne (avec celle de la Crète, par exemple), mais ils sont de protection pour le cœur. Encore une fois, pas la quantité totale de gras qui est important, du moins pour les maladies cardiovasculaires. En ce qui concerne la cuisine et graisseux Gascogne (Sud-Ouest de la France), est une autre question qui rejoint l’autre problème: il est dans la région de Poitou-Charentes (pays de bon beurre) que l’on trouve l’espérance de vie la plus élevée France, à proximité du Japon. Encore une fois, nous sommes confrontés à la difficile question du paradoxe français …

    NB – Quelle est la différence entre le régime alimentaire de la Méditerranée et les régimes japonais, tels que le régime Okinawa ?

    ML – En ce qui concerne la nourriture et les traditions de la consommation, elles sont radicalement différentes, mais en termes d’apports de nutriments (par l’évaluation biochimique de la nutrition), ils ne sont pas si loin. Toutefois, des études comparatives manquent encore bien documenté.

    NB – Cela nous amène à la question de lipides et de cholestérol. Vous êtes un critique de la théorie lipidique de l’infarctus. Quelles sont les explications possibles aujourd’hui de thrombose coronarienne ?

    ML – Thrombose (formation d’un caillot dans une artère obstructive) est la cause de l’infarctus. Le cholestérol ne joue aucun rôle dans la thrombose. Une variété de facteurs nutritionnels est potentiellement impliquée. La catastrophe se produit sur ce point, heureusement, un ensemble de circonstances signifie que de nombreux facteurs se conjuguent pour provoquer une thrombose.

    NB – Que pensez-vous de la théorie inflammatoire ?

    ML – Il s’agit d’une question complexe car elle dépend de ce que nous appelons «inflammation». On sait que les médicaments anti-inflammatoires augmentent le risque d’infarctus du myocarde et d’AVC.

    NB – Le rôle du diabète ?

    ML – Vous avez une distinction entre diabète de type 1, ce qui est rare, diabète de type 2 qui se développe comme une épidémie dans le monde entier. C’est le même diabète (excès de glucose sanguin, par définition) ou des facteurs de style de vie qui favorisent ce diabète de type 2 ?

    NB – Enfin, quels sont les tests biologiques importantes qui témoignent de la qualité de l’alimentation, le poids hors ?

    ML – Le poids n’est pas une analyse biologique. Cela dit, nous pouvons être en surpoids avec un risque réduit, tout dépend du mode de vie. Tous les tests biologiques qui permettent d’évaluer le résultat de la diète méditerranéenne, la mesure des acides gras, vitamines et oligo-éléments sont utiles, mais en réalité, nous pouvons évaluer le risque du patient avec un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires, mais cela prend du temps, et les médecins n’ont pas le temps …

    NB – L’utilisation de statines est très controversée. De nombreux médecins prescrivent des médicaments comme les statines de confort pour éviter aux patients de la nécessité d’un changement dans le régime alimentaire et l’activité physique. Quelle est votre opinion ?

    ML – L’installation et soustraient à leur responsabilité. Les médecins n’ont pas le temps ni la culture scientifique et médicale pour fonctionner correctement, y compris aux plus hauts niveaux de la hiérarchie universitaire. Ils ne sont pas conscients de cela et il n’y a pas de transmission de la demande de la profession pour les nouvelles générations de médecins.