Aspirine ou Plavix ?

Dans la prévention cardiovasculaire au long cours, la grande majorité des médecins – et des sociétés savantes et autres « autorités » sanitaires – recommandent l’aspirine.

Depuis deux décades, je dis (et j’écris) que c’est une mauvaise idée et qu’il vaudrait mieux prescrire d’autres antiplaquettaires que l’aspirine, par exemple le Plavix (ou clopidogrel) désormais génériqué.

Je travaille sur les plaquettes et les médicaments antiplaquettaires depuis environ 40 ans. J’ai même conduit un essai clinique avec l’ancêtre du Plavix, la fameuse Ticlopidine aujourd’hui oubliée !

J’ai aussi fait une demande de brevet (via le CNRS) que l’industriel n’a pas « soutenu » [bien que le concept sous-jacent soit fondamental] car il préparait l’arrivée du Plavix pour remplacer la Ticlopidine…

Bon !

Je suis toujours étonné de constater l’obsession des cardiologues pour l’aspirine alors qu’ils ont le Plavix (ou autre médicament de la même famille) à disposition !!

Voilà pourtant qu’une étude internationale vient confirmer [ça fait toujours plaisir d’avoir raison ; même avec 20 années environ d’avance…] ce qui crève les yeux depuis  longtemps.

Je ne vais pas [pétri d’une grande humilité !] en faire trop, les chiffres parlent d’eux-mêmes en l’absence de conflit d’intérêt. En effet, le Plavix est génériqué, l’industriel ne gagne plus rien avec ça…

L’étude est publiée dans une grande revue de cardiologie.

 

Chacun l’aura compris, « P2Y12 inhibitor » est la famille du Plavix.

Je copie un tableau de résultats.

Nul besoin de longs commentaires. C’est la comparaison « face à face » de l’aspirine avec le Plavix et ce dernier l’emporte largement comme l’indique la 1ère ligne (surlignée en jaune).

Quelques remarques quand même :

1) le Plavix n’est pas supérieur à l’aspirine dans la prévention de l’AVC (stroke) ischémique. Ce n’est pas étonnant car beaucoup d’AVC ischémiques ne répondent pas au traitement antiplaquettaire, seulement aux traitements anticoagulants.

2) le Plavix est nettement supérieur à l’aspirine concernant le risque d’AVC hémorragique. C’est important !

3) comme attendu, l’aspirine augmente le risque de saignement digestif (GI bleeding) par rapport au Plavix.

Bref, il ne faut pas faire dire trop de choses à ce type d’études rétrospectives avec des échantillons (et une puissance statistique) limités.

Mais je me permets quand même une remarque générale : la paralysie intellectuelle de la médecine conventionnelle – c’est vrai pour les médicaments « cardiologiques » comme pour les vaccins – est fascinante. Je pèse mes mots !

C’est probablement un aspect fondamental de la crise du système de soins ; comme si les médecins avaient renoncé à réfléchir ; comme s’ils attendaient que les autorités sanitaires [elles-mêmes « cornaquées » par des sociétés savantes qui de leurs côtés survivent sous l’influence des industriels…] leur disent que faire et comment le faire.

C’est à l’opposé de la médecine de précision [décrite pour les aspects cardiovasculaires dans mon dernier opus « Comment échapper à l’infarctus et l’AVC »] qui requiert une individualisation  de chaque patient.

Nous ne sommes pas des points sur un graphique statistique. Chaque cas est un cas particulier.

C’est  vrai pour la prévention cardiovasculaire comme pour la prévention des maladies infectieuses et la médecine des vaccins !

Facile à comprendre pourtant !