Y a-t-il eu une crise sanitaire en 2020 ?

Y a-t-il eu une crise sanitaire en 2020 ?

La majorité dit oui.

Mais certains disent que non ! Il ne s’est rien passé : pas de Covid-19 !

Un fantasme de quelques médecins égarés dans les vapeurs de leur anesthésiants selon ces sympathiques contestataires.

J’ai un faible pour les contestataires…

Certains autres disent même que le virus Covi-19 n’existe pas ; ils ne l’ont pas rencontré…

Ce serait une invention des gouvernants qui se seraient affolés pour rien du tout

Oups !

Si ces façons de voir les choses venaient d’imbéciles, je ne prendrais pas la peine de réagir.

Ben non !

Ce sont des gens sérieux et sympas qui tiennent des discours pareils et qui, en plus, se vantent de ne susciter aucune réaction tant leur argumentaire serait imparable.

Entre ceux qui sont devenus fous d’angoisse en 2020 (jusqu’à nous priver de libertés fondamentales puis à obliger à recevoir des vaccins évalués avec un simulacre de science) et ceux qui n’ont rien vu ou qui ont vu des manipulations perverses des chiffres par les gouvernants, quels sont les plus fous ?

Examinons sereinement les faits.

Je vais me contenter d’interroger les affirmations d’un sympathique statisticien qui prétend qu’il n’y a pas eu de surmortalité en 2020 à cause de la Covid. Il en a fait un livre !

 

Mais je crains qu’il ne se soit un peu précipité ; et son éditeur aussi !

Dans les sciences médicales, il faut être prudent et aussi patient. Les bons chiffres viennent à vous. Suffit d’attendre un peu.

Pierre Chaillot nous dit qu’il faut examiner la mortalité totale chaque année (et la comparer avec les années précédentes) et pas les causes de décès (dont celles attribuées à la Covid) car ces données peuvent être biaisées.

Pourquoi pas.

Il nous dit aussi qu’il examine les chiffres officiels (ceux de l’Insee par exemple) éludant ainsi toute contestation sur la validité des sources.

Finalement, il dit qu’il n’y a pas eu de surmortalité en France en 2020 par rapport aux années précédentes.

Ayant été comme médecin confronté à la crise sanitaire de 2020, le raisonnement de Pierre Chaillot me laisse perplexe. Il dit se baser sur des chiffres officiels incontestables.

J’ai donc moi-aussi examiné ces chiffres, c’est-à-dire les nombres de décès en France depuis 2015. La comparaison intéressante est année après année car, la population augmentant un peu (un tout petit peu) chaque année, une comparaison de nombres de décès sur 10 ans (par exemple) a peu de sens. J’ai commencé avec 2015 car Pierre Chaillot prend cette année-là en référence. Pourquoi pas.

Voyons ces chiffres « officiels », ceux de l’Insee.

Entre 2015 et 2019, on note une lente progression du nombre de décès (entre +4000 et +14000 ; fluctuations annuelles non surprenantes), proportionnelle sans doute à la progression de la population ; comme l’indique la stabilité du taux de mortalité rapporté rapporté à la population (colonne de droite).

Mais en 2020, il se passe quelque chose : +56000 par rapport à 2019 !

Autrement dit, cette croissance brutale du nombre de décès s’observe dans une population à peu près stable.

On peut dès lors échafauder toutes sortes de théories pour minimiser ce chiffre.

Il faut noter toutefois (je ne montre pas plus de chiffres, chacun peut aller vérifier) que cette augmentation du nombre total est associée à une diminution du nombre de décès dans certaines classes d’âge (les jeunes) et que l’augmentation du total est presque exclusivement due à une nette augmentation chez les plus de 65 ans, personnes tout-à-fait respectables par ailleurs.

On pourrait naïvement penser que 50,000 décès supplémentaires ce n’est pas catastrophique rapportés à une population de 67 millions d’habitants.

Certes, mais deux aspects essentiels doivent être rappelés :

1) le nombre de décès ne reflète pas le nombre réel de malades : les hôpitaux ont été submergés par des patients qui ont survécu (non comptabilisés par l’Insee) ; et c’est aussi ça une crise sanitaire !

2) les flux de patients (et les décès subséquents) ont été concentrés dans des périodes relativement brèves – les célèbres « vagues » – ce qui induit pour des bureaucrates un biais d’analyse majeure quand ils analysent les chiffres sur l’année, c’est-à-dire moyennés sur l’année.

Il y a donc eu une crise sanitaire majeure lors de la Covid-19.

Et cette crise a été fort mal gérée par les autorités sanitaires et les gouvernants.

Nier cette évidence me semble faire un cadeau aux autorités sanitaires et aux gouvernants.

Finalement, je note [et c’est plutôt cet aspect-là qui me parait fondamental, plutôt que prétendre à l’absence de crise], qu’une couverture vaccinale massive en 2021 n’a pas eu d’impact significatif sur la mortalité en 2021 et aussi en 2022 ; mais 2022 c’est déjà une autre « histoire »…

La suite au prochain numéro !