Le système de santé « à la française » au bout du rouleau ?
C’est peu dire que l’ambiance dans les cabinets médicaux est triste, voire dépressive, en cette fin d’été en compagnie de la COVID-19.
C’est un peu la même ambiance que dans les hôpitaux dits « publics », sauf que dans les cabinets dits « libéraux », cesser son activité pour (par exemple) protester revient à se suicider.
Le chiffre d’affaire, mon cher collègue !
Combien je gagne à l’heure ? Combien par matinée ?
Que se passe-t-il ? Pourquoi ce découragement ?
Est-ce nouveau ? Sommes-nous à l’apogée d’une crise souterraine qui soudain émergerait ?
Est-ce un mouvement d’humeur anecdotique ? Le malaise est-il profond ?
Des solutions sont-elles en vue ?
Mais, avant la thérapie salvatrice, un bon diagnostic a-t-il été posé ?
Si oui, par qui ? Si oui, c’est quoi ?
Bien malin celui (ou celle) qui peut, d’un coup de baguette magique, répondre à ces multiples questions !
Je ne m’y risque pas !
Mais, ayant été depuis plus de 45 ans (j’ai passé ma thèse de doctorat en médecine en 1976) en conflit (de façon ouverte ou « fermée) avec ce système, ayant expérimenté d’autres systèmes comme praticien de terrain en Amérique du Nord et en Suisse, et ayant vu évoluer (s’effondrer progressivement) le système français, je vais me permettre une observation simple :
la crise est si profonde, telle que révélée par la COVID-19 (mais pas seulement), qu’aucune « réformette » élaborée par quelques énarques désœuvrés ne pourra sauver le malade !
Dit autrement, il faudra un ou plusieurs électrochocs pour espérer un retour à la santé !
Je vais aller plus loin (quelle audace, cher collègue !) : aucune administration fonctionnant dans une économie supposée libérale ne le fera car notre système sanitaire est totalement dédié à la version économique de la santé de la population : comment générer des profits ! Comment sauver nos industries de la santé !
L’industrie des médicaments, des vaccins et autres technologies de santé bénéficient de la part de l’état des mêmes « avantages » que l’industrie des voitures, des avions, des parfums et de l’agroalimentaire : sauve qui peut !
Sauf que personne n’est obligé d’acheter un avion ou un parfum ! Ces objets sont échangés dans le cadre d’une économie concurrentielle. Que le meilleur gagne ! Que celui qui triche le mieux gagne ! Vous avez des doutes ? Voyez le scandale des diesels Volkswagen ! Peu importe, ces échanges répondent aux principes sacrés de l’offre et de la demande.
Avec les produits de santé, c’est différent. Il y a une demande plus ou moins régulée selon des critères généralement absurdes (et certainement non scientifiques le plus souvent : abaisser le cholestérol, vacciner contre les oreillons…) et il y a une offre qui n’est pas « libre » (comme ça devrait être dans une économie libérale) mais négociée (par exemple les prix des médicaments) avec l’état ou ses représentants (la sécu), c’est-à-dire strictement règlementée.
Si on laissait faire, la demande et l’offre exploseraient (on veut toujours plus pour protéger sa santé !) et les industriels se gaveraient sur le dos de la sécu. Impossible ! Ingérable ! Donc, unique solution : on rationne !
Comment rationner un système qui, en fait, est conçu d’abord pour satisfaire les actionnaires des industries impliquées ?
Comme on ne peut pas « trop » rationner le consommateur-demandeur (qui pourrait se fâcher…) et le moins possible l’industriel [ça ferait fuir les actionnaires], ce sont les prestataires (les professionnels distributeurs des soins : médecins d’abord puis tous les métiers de la santé] qui doivent se serrer la ceinture. C’est aussi simple que ça !
Bien sûr, certains s’en sortent mieux que les autres.
Par exemple, tous les prestataires de techniques complexes (qui sont indispensables aux industriels pour valoriser les nouvelles technologies) parviennent à se faire rémunérer décemment quoique jamais assez… Je laisse à chacun le soin de regarder autour de lui…
Mais plus on descend en technologie indispensable et moins on est rémunéré : le pédiatre crie misère et on lui fait cadeau d’une Loi d’obligation vaccinale des bébés (les vaccins représentent 30 à 40% de son chiffre d’affaire). C’est un exemple !
Mais les vrais sacrifiés sont tous les professionnels peu techniques des hôpitaux : aide-soignant et brancardier, par exemple !
Bien fait pour eux : les brancardiers n’ont qu’à inventer des brancards hautement technologiques et…
J’arrête ici cette épuisante et puissante analyse du système de santé à la française : ça va mal finir…
Mais ma conclusion concernant l’analyse que je viens de rédiger est au-delà de tout soupçon : le Dr de Lorgeril souffre d’une grave crise de paranoïa ! Ne le répétez pas ! Ayez pitié de lui !
Depuis la lectue de votre livre en 2015, je me contente d’essayer de respecter vos recommandations et je m’en porte que mieux, 5 ou 6 dolipranes en 5 ans.
Pour l’ouzo, c’était juste pour changer du covid, masque, complots etc… Mais c’est bon quand même.
Ouzo + feta + olives + concombres + bon pain grec…
Le système de santé en Suisse et en Amérique du nord est-il meilleur qu’en France?
Je n’ai pas testé très récemment mais pour l’Amérique du Nord et si vous avez de quoi payer, c’est beaucoup meilleur. Les médecins américains sont techniquement les mieux formés du monde. Mais ils seraient inaccessibles pour la majorité des français qui considèrent que protéger sa santé est un service gratuit ! Sur le plan humain, pas de pitié : tu paies et on discute ensuite. Vous avez compris que la médecine n’est pas que « technologie »…
En Suisse, le modèle suivi est l’américain : un cardiologue suisse a une formation deux fois plus longue au minimum qu’un équivalent français… Ils sont donc techniquement nettement supérieurs (en moyenne) aux français mais sur le plan humain, ce sont des américains…
Votre billet est remarquable et pertinent cher MdL.
Constat de la déshumanisation de notre médecine.L’outil technologique a plus de valeur que celui qui s’en sert!
Il y a encore quelques résistants et ça c’est encourageant.
Les chocs électriques varient en fonction de la position des électrodes (sur le thorax ou sur le crâne) et de la puissance (en watts) utilisée. Quand on décide d’un choc électrique externe en cardiologie, on fait une anesthésie générale.
Bref, c’est du pareil au même et tout dépend des intentions du « choqueur »…
J’ai connu un rhumatologue qui me disait qu’il commençait à gagner de l’argent au mois de septembre (il me semble).
Je lui ai posé la question de savoir pourquoi il ne commençait pas à travailler au mois de septembre, vu que le reste de l’année, il ne gagnait pas d’argent…
Qu’ils sont bêtes ces médecins !
C’est sûr que si vous êtes malade dans cette sombre période, il vaut mieux éviter les médecins… Surtout ceux qui se pavanent sur les plateaux TV… C’est beau les sciences médicales sur un plateau TV, un peu comme une grenouille sur un casque de moto : magnifique !
J’adore une blague sur ce sujet qui circule sur Facebook en ce moment : « quand on appelle le 15, on tombe sur le central téléphonique de BFMTV car tous les médecins y sont… » Bon ça reste une blagounette.
Bravo, encore une fois parfaitement résumé.
Mais juste une question amusante sur un oubli dans votre livre sur le regime méditerranéen :
Quel role joue l’ouzo dans ce régime? Qui est tout de même un élément important de l’avant repas en Gréce, avec les olives.
Pas de science à propos de l’ouzo !
Les grecs n’en boivent presque plus… et sont en mauvaise santé aujourd’hui ; quoiqu’ils aient bien résisté à la COVID-19 !
Si les grecs l’ont bu pendant des décennies, voire des siècles, tout en étant en santé (au moins au 20ème siècle), c’est que ça n’était pas très toxique.
Si vous pratiquez ce sport, faites-le comme eux : ils mangeaient beaucoup en buvant à petites gorgées.
Le contraire de ces grossiers buveurs de schnaps ! Et vlan !