Risque d’infarctus du myocarde chez la femme jeune et moins jeune

Il y a parfois des études épidémiologiques qui, malgré la faiblesse de la méthodologie observationnelle, apportent des informations majeures.

Voici un exemple ; et ça va nous distraire un peu des affres de la covid-19. Merci de lire attentivement ; je donne l’essentiel en simplifiant.

C’est une étude américaine analysant sur une cohorte de plus de 28 000 professionnelles de santé (des femmes donc) et sur un suivi de plus de 20 ans, les facteurs associés au risque d’infarctus du myocarde.

Au départ de l’enquête (au milieu des années 1990), ces jeunes femmes sont apparemment libres de tout facteur de risque conventionnel. Je dis « apparemment » car ça concerne les facteurs de risque « conventionnels » (pour l’épidémiologiste ou le cardiologue conventionnel) ce qui est assez éloigné de ma façon de voir les choses.

Dit vite, beaucoup de facteurs que j’estime importants ne sont pas mesurés dans l’étude.

De plus, certains facteurs sont « redondants » : les auteurs analysent séparément le syndrome métabolique, le diabète et l’hypertension artérielle alors que c’est un peu la même chose. Peu importe ! Examinons ce qui nous est rapporté.

C’est publié dans un bon journal, le JAMA Cardiology le 20 Janvier 2021. Un des intérêts de l’étude c’est qu’elle est cosignée par quelques acrobates de la théorie du cholestérol qui, en principe, ne voient de solutions au risque cardiovasculaire que par la diminution du cholestérol ; prétextant que le grand criminel « méchant-loup » c’est le cholestérol.

Qu’ont-ils trouvé ?

Évidemment des choses très attendues comme la culpabilité du tabac, de l’obésité et de l’hypertension artérielle.

Mais le risque le plus important c’est le diabète !

Dans des proportions inégalées, notamment chez la femme jeune. Je donne deux graphiques.

L’importante seconde découverte (qui n’en n’est pas une pour les professionnels exercés et qui vivent les yeux ouverts), c’est que le cholestérol ne joue pas de rôle important.

C’est facile à voir sur le graphique. Tout ce qui est droite de la ligne verticale augmente le risque et plus les points sont éloignés de la verticale et plus le risque est important.

On peut regarder les chiffres.

Dans cette étude américaine, le diabète multiplie par 10 le risque d’avoir un infarctus du myocarde ou un syndrome équivalent. Tandis que le rôle du cholestérol est négligeable ! Il suffit de comparer les chiffres : plus de 10 pour le diabète, un peu plus de 1 pour le cholestérol (presque rien !)

Difficile de voir un effet du hasard ou de biais multiples…

Il y autre chose ! Attention, il faut être attentif : deux publications récentes montrent [ce que les bons professionnels savaient déjà] qu’avoir un cholestérol bas ou abaissé par une statine (par exemple) augmente le risque de diabète.

C’est vrai chez les adultes et aussi chez les enfants et chez les adolescents [ACADEMIC PEDIATRICS 2017;17:515–522].

Faut-il un papier cadeau ?

Je conclue pour les lecteurs et lectrices fatigué(e)s : faut pas fumer et ne pas devenir diabétique !
Pour éviter de devenir diabétique, il faut éviter d’avoir un cholestérol bas et surtout ne pas l’abaisser .
Réjouissez-vous si votre cholestérol est plutôt haut ; ça vous protège du diabète !

Attention, c’est un peu plus compliqué que ça en a l’air…