CRISE AIGUE DANS LES SCIENCES MEDICALES

C’est pire qu’une crise, c’est une tragédie grecque.
Les visiteurs réguliers de ce blog en ont eu maints exemples, alors pourquoi parler encore des dérives des sciences médicales (pas bon pour le moral et la santé, les pensées négatives !) et par ce beau mois de Septembre 2014 ?
Parce que ce printemps maussade nous a réservé une drôle de surprise.
Ne cherchez pas dans vos médias habituels, ils ont zappé aussi vite que leurs ombres, comme disait le célèbre Lucky Luke, si je ne m’abuse …
C’est en fait en début d’année 2014 que le pot au rose a été découvert (ou révélé, comme on voudra) par les deux plus grandes revues rapportant les exploits des scientifiques, je veux parler de Nature et Science.
Ils ont dit la même chose, nos prestigieux Directeurs et Editeurs en chef : une très forte proportion des découvertes scientifiques [surtout dans les sciences médicales] n’est pas « reproductibles », ce qui veut dire dans leur jargon que les résultats publiés sont faux ou biaisés, ou inventés ou inutilisables et donc ne servent à rien. Gaspillage immonde des fonds publics puisqu’on ne parle là que de recherches académiques (et pas commerciales) financées par les impôts.
Ce n’est pas très étonnant quand on voit œuvrer les « commerciaux » et ceux œuvrant à leurs soldes. Ce qui a étonné nos Directeurs c’est le chiffre derrière l’aimable notion de proportion. Dans certains domaines, par exemple la recherche de médicaments anticancers ou la médecine expérimentale, on s’approche de 90% de non-reproductibilité
Effarant !
Je ne vais pas ici proposer des explications à ce phénomène totalement inédit dans nos sociétés, je vais simplement dire pourquoi ceux qui en sont responsables trouvent ça insupportable.
L’industrie (pour laquelle j’ai le plus grand respect quand elle est industrieuse et rien d’autre) a fait des choix stratégiques cruciaux dans les années 1980s (en simplifiant) : ils ont décidé de stopper toute recherche importante et de participer (mollement) au financement de la recherche académique (ou publique) en se promettant de dénicher les plus belles découvertes (financées essentiellement avec nos impôts) pour en faire un business attrayant pour leurs actionnaires ou propriétaires. Leurs directeurs financiers estimaient que, vu le coût de la recherche, il était plus rentable de racheter les startups et leurs brevets plutôt que d’investir soi-même dans la recherche.
Au coût annuel du chercheur (et des techniciens et ingénieurs qui lui sont alloués pour aider à ses succès) – et de son licenciement inéluctable quand il vieillit ou devient moins discipliné – on les comprend ; autant laisser à l’État le soin de gérer ces questions socio-professionnelles calamiteuses, les gens de l’industrie sont payés pour générer du business pas pour créer du savoir ou rendre service à l’Humanité.
Ils avaient sans doute raison de leur point de vue, c’est-à-dire générer des profits maximaux grâce à des coûts minimaux.
C’est là le problème et ils ont mis du temps à comprendre. Je ne suis pas en train de faire un cours d’économie politique, juste décrire du vécu !
Les chercheurs ont effectivement « inventé » des inventions, générer des brevets et créer des startups qu’ils s’empressaient de revendre au plus offrants ; pour ensuite, enrichis d’un capital significatif, devenir des … traders, par exemple … Ah le beau métier !
Mais les acheteurs (industriels) des startups mirobolantes ont assez vite aperçu – certes ils avaient anticipé des « déchets » mais pas à ce point – que nos inventeurs étaient plus malins qu’eux [l’arroseur arrosé]. Mais il a fallu le prouver ce manque de reproductibilité, cette fantasque inventivité des farceurs de la recherche publique ; ou au moins créer des labos susceptibles de tester la reproductibilité des découvertes publiées. C’est plus facile que de faire de vraies découvertes, mais ça a pris du temps …
Nous y voilà ! Ils ont compris le pourquoi de la non-reproductibilité ! Et vous aussi ! Que vont-ils faire ? C’est la prochaine étape, on va voir … Ils vont au moins devoir vérifier la reproductibilité-véracité de ce qu’ils achètent, avant d’acheter, donc créer des labos chargés d’auditer les académiques par exemple.
L’amusant, si on peut dire, c’est que ce sont les éditeurs des grandes revues médicales qui se sont plaints le plus fort.
Et pas les industriels qui sont pourtant les vraies victimes. Qu’ils aient un peu honte et se sentent responsables, un peu comme un Directeur de banque qui se fait « plumer » par son trader, on préfère être discret si possible …
Du point de vue des éditeurs, c’est sûr qu’apercevoir tout soudain que 90% de ce que l’on présente comme plus ou moins irréfutable [puisqu’on dirige une revue prestigieuse] est de la m…, peut rendre la digestion difficile.
L’étonnant, c’est le silence médiatique ; et encore plus (apparemment) celui des académiciens et autres arbitres (les élites de la nation notamment aux USA, mais pas seulement), les vrais dindons de la farce en apparence puisque les financements qu’ils attribuent chichement (et précautionneusement) sont gaspillés pour 90% …
Pas si dindons les académiciens, on en trouve beaucoup dans les startups …
Mais tout cela vous le saviez déjà plus ou moins à propos de la recherche dite commerciale : là-aussi il faut générer des profits, pas de faux-semblants, 95% de ce qui est publié sous le joug de l’impérieuse nécessité commerciale ne serait pas reproductible en principe.
Et pourtant, voyez pour les statines, il fut une époque où ils reproduisaient allègrement …
La suite vous la connaissez si vous avez lu notre livre « Cholestérol, mensonges et propagande », plus rien ne peut vous étonner sauf qu’il y ait encore des gens pour s’étonner !
Priez pour nous pauvres pêcheurs !