La cacophonie sévit aussi dans le "petit" monde de l’hypertension artérielle

Pas seulement aux USA !
Pourquoi ?
Que se passe t-il ?
Un expert américain écrivait récemment que « les temps étaient durs pour la cardiologie, car les mauvaises nouvelles s’accumulent … etc ».
On ne saurait mieux dire. Urgent de redresser la barre et prendre un nouveau cap.
On laissera notre ami-expert se lamenter  [pour les curieux, c’est là :http://www.medscape.com/viewarticle/819148?nlid=45444_1985&src=wnl_edit_medn_card&uac=78143HG&spon=2] et raisonner sous forme de 5 leçons à retenir, selon lui,  des mésaventures de l’expertise en hypertension (HTA).
En bref, deux mélodrames récents : le premier concerne un nouveau traitement de l’HTA qui selon ses défenseurs devait révolutionner le traitement de l’HTA : la dénervation rénale ; une technique consistant à brûler (cautériser) les nerfs irriguant les reins, donc une « dénervation » des reins ; inutile de rentrer dans les détails techniques.
Deux tendances s’affrontaient : ceux qui voulaient étendre les indications de ce traitement [à des HTA autres que les HTA sévères et non maîtrisées par un traitement médicamenteux optimal], nouveau business, nouveaux appareils, nouveaux experts, et avançant que c’était toujours mieux que les multiples thérapies médicamenteuses (et leurs multiples effets secondaires) ; et ceux qui qui freinaient des deux pieds effarés par le peu de science (y compris médicale) soutenant cette approche.
Les visiteurs de ce blog et les lecteurs de nos livres [urgent de lire ou relire nos pages sur le traitement de l’HTA] savent que je n’aurais jamais prescrit un pareil traitement pour une maladie du mode de vie ; et pas non plus (ou le moins possible) les thérapies médicamenteuses multiples prescrites abusivement ces jours.
Et patatras, les principaux industriels soutenant ce traitement, déjà embarrassés dans quelques affaires de mœurs médico-éthico-scientifiques, annoncent l’arrêt de ce business ; sur la base d’une seule étude négative dont on ne connait pas encore les détails, sauf que c’est jusqu’à présent la seule étude respectant le minimum exigé pour parler de sciences médicales. Qu’avions-nous donc avant et qui justifiait l’enthousiasme des experts et notamment des Sociétés savantes US, notamment l’American Heart Association ?
Vous connaissez la réponse … C’est pareil au reste !
Ce qui en dit long sur l’expertise réelle de (et la confiance à accorder à) ces Institutions et Associations [voir l’article précédent à propos du cholestérol et des statines] qui nous dictent, à nous médecins, nos conduites à tenir face aux pathologies complexes que nous rencontrons.
Ces mêmes institutions se faisant elles-mêmes dicter leurs conduites par des intérêts essentiellement commerciaux [la société spectaculaire et marchande dans toute sa splendeur, relire Guy Debord, urgent !] et très secondairement par l’intérêt des patients ou de la Santé Publique ; le monde inversé du spectacle !
L’American Heart Association est sur la sellette [et est violemment attaquée] pour une autre raison : les nouvelles recommandations qu’elle vient de promulguer concernant le traitement de l’HTA avec des médicaments. C’est un peu comme avec les traitements anti-cholestérol, mais dans le sens opposé [ça pourrait conduire à moins de prescriptions] : de nouveaux experts donnent de nouvelles recommandations et les anciens experts sont très mécontents d’être ainsi critiqués …
Cacophonie ! Ridicule !
On se croirait revenu aux temps où de sombres religieux se chicanaient pour des histoires d’icônes, d’idoles et autres joyeusetés.
Les Présidents (de ces Institutions) essaient de mettre un peu d’ordre, proposent des médiations, convoquent des réunions de consensus auxquelles certains refusent de participer ; une cour de récré ; ne manquent que les cordes à sauter !
Certains pourraient penser que mon « mauvais esprit » anarcho-quelque chose s’en donne à cœur joie ; c’est bien vrai , mais que faire si nous sommes ainsi alimentés chaque jour de ces idioties pendant que des centaines de millions de gens dans le monde se voient prescrire des médicaments inutiles et toxiques, alors qu’ils devraient …
Un récent article (dont les auteurs travaillent pour le monde économique) ne se plaignait-il pas que 90% (ou quelque chose comme ça) des articles scientifiques publiés rapportaient des données jamais reproduites ?
Et donc non reproductibles, laissant entendre que c’était du bidon …
90% ça parait beaucoup !
Mais il est difficile de savoir, vu que nous regardons rarement dans l’assiette du voisin [le physicien l’assiette du biologiste, l’astronome l’assiette du médecin …] ; mais si je me réfère à mes domaines de prédilection exclusivement, je crois bien que nous n’en sommes pas loin de ces 90% …
Bon vent, matelots !
Et si vous avez un problème d’HTA, relisez-nous consciencieusement, ça vous aidera ; et ça aidera votre médecin !