Que penser des nouvelles recommandations Européennes concernant l'hypertension artérielle (ou HTA) ?

C’est la concordance de deux publications la même semaine qui m’incite à écrire ce bref billet.
Dans la première, du British Medical Journal, une journaliste new-yorkaise nous explique pourquoi il ne faut pas faire confiance aux recommandations dites officielles.
Elle donne de bons exemples dans son texte : l’un à propos du traitement des traumatismes de la moelle épinière par les corticoïdes et un autre concernant le traitement de l’accident vasculaire cérébral (AVC) en phase aiguë ou subaiguë par des agents fibrinolytiques, des traitements qui détruisent les caillots à l’intérieur des artères qui, dans le cas de l’AVC, sont la cause de l’AVC.
Dans les deux cas, les comités de consensus qui rédigeaient ces recommandations étaient absolument affirmatifs et n’autorisaient aucun scepticisme, les traitements qu’ils préconisaient devaient être appliqués ; ce qui ne laissaient plus aucune liberté de prescription à ceux qui voyaient les choses différemment.
Après quelques années, on a reconnu que ces recommandations « absolues » n’étaient pas valables et on s’est aperçu que les rédacteurs de ces recommandations étaient ligotés par de multiples conflits d’intérêt …
No comment !
C’est là pour ceux qui aiment vérifier : http://www.bmj.com/content/346/bmj.f3830
Désolé, c’est en anglais ; mais mon résumé suffit, je pense … pour susciter le plus grand scepticisme vis-à-vis de recommandations officielles qui ne seraient pas rédigées par des experts totalement libres et indépendants de toute ingérence commerciale ! Bon !
Au même moment (la même semaine), des Sociétés dites savantes Européennes publient leurs nouvelles recommandations pour le traitement (et aussi le diagnostic) de l’hypertension artérielle ; on dit aussi HTA.
Comme nous l’expliquons dans notre livre Prévenir l’infarctus, l’HTA est un facteur de risque de l’infarctus et de l’AVC qu’il faut savoir traiter avec modération ; et ne surtout pas tomber dans la dérive médicamenteuse, source de plus d’ennuis que de bienfaits, avec comme règle principale : on traite les personnes, pas les chiffres !
Avant de considérer le contenu de ces recommandations, l’évident réflexe de tout un chacun est de vérifier le niveau de liberté et d’indépendance de ces pieux et prestigieux rédacteurs.
Pour le Premier et principal d’entre eux, le Pr Mancia, on peut lire : « Mancia reports speaker fees, honoraria, consultancy payments, and advisory board fees from Abbott, AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Novartis, Servier, Sanofi, Menarini, Takeda Pharmaceuticals, Bayer, Recordati, Daiichi Sankyo, and Medtronic.
Même ceux qui ne lisent pas l’anglais ont compris que le Professeur ne laisse pas sa part au chien, au bas mot, ça fait probablement chaque année de l’ordre de la centaine de milliers d’Euros de commission, quoique je ne connaisse pas les tarifs actuels …
Pour le deuxième, c’est là : « Redon reports speaker fees, honoraria, consultancy payments, and advisory board fees from Boehringer Ingelheim, Novartis, Menarini, Merck, AstraZeneca, Bristol-Myers Squibb, and Daiichi-Sankyo. »
Pour le troisième, c’est là : « Fagard reports receiving honorarium from Servier. »
Pour les autres, c’est là : here.
Sans faire preuve d’une coupable tendance à vouloir céder à une quelconque « théorie du complot » [très à la mode de parler ainsi], je me dois d’alerter les visiteurs de ce blog sur la pertinence de ces recommandations …
Et pourtant elles constituent un grand progrès par rapport aux recommandations antérieures et par rapport à ce que, jusqu’à présent, les Sociétés Françaises du secteur nous délivraient !
En effet, ils ne parlent pas que de médicaments !