CHOLESTEROL ET CANCERS

Malheureusement, de plus en plus de données scientifiques sérieuses indiquent qu’avoir un cholestérol bas (ou abaissé par un traitement) augmente le risque d’avoir un cancer.
Ce fait est tellement anxiogène pour les tenants du « cholestérol bas c’est bon pour la santé » qu’une multitude de bons esprits, souvent de bonne foi, s’acharnent à affirmer le contraire : « abaisser le cholestérol ou avoir un cholestérol bas n’augmente pas le risque de cancers » clament-ils désespérément, et cela contre les données scientifiques publiées depuis les années 1970s.
Au-delà du doute méthodique qui doit caractériser l’attitude des scientifiques, il est bien rare qu’une telle constance dans le temps et dans l’observation épidémiologique ne soit pas un fait avéré, d’une part, et que, d’autre part, ce fait ne soit pas d’une grande fréquence, donc d’une grande importance pour la Santé Publique !
Une nouvelle étude suédoise analysant les données fournies par le suivi pendant près de 12 ans de 3 cohortes (suédoise, norvégienne et autrichienne) rassemblant environ 600,000 participants confirme cette évidence. Pour les puristes qui veulent tout vérifier, voici le lien : http://www.plosone.org/article/fetchObject.action?uri=info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0054242&representation=PDF
Cette étude épidémiologique (comme la majorité de ce type d’études) n’est pas aisée à lire et à comprendre. C’est pour cette raison sans doute que beaucoup de professionnels (sans parler des médias spécialisés) tardent à prendre conscience de ce problème.
Pour les visiteurs de ce Blog, je vais faire un petit résumé et quelques commentaires.
Commençons par un commentaire important. Les auteurs de cette étude ne peuvent être suspectés de vouloir faire du sensationnel en annonçant une fausse tragédie. Comme les visiteurs anglophones pourront le constater dans leur Introduction, ces auteurs étaient plutôt a priori contre l’hypothèse que le cholestérol protège des cancers [quelque peu ou beaucoup, ça dépend des cancers] ; leurs résultats sont donc d’autant plus intéressants; ils ont probablement fait le maximum pour éviter une fausse corrélation.
Le deuxième point important est qu’ils ont fait ce qu’ils appellent des « lag-time analyses » pour se prémunir contre un biais classique dans ce genre d’analyses : ce ne serait pas le cholestérol bas ou abaissé qui favorise les cancers mais plutôt les cancers qui induisent une diminution du cholestérol. Ils rejettent cette possibilité !
C’est un point critique car c’était (le biais dit de corrélation inverse) le principal argument de ceux qui, à tout prix, veulent défendre l’idée que le cholestérol ne peut être que mauvais pour la santé !
Certes, tout n’est pas dit dans cette étude, mais on peut décidément en tirer les conclusions suivantes :
1- chez les hommes, ce sont particulièrement le risque de cancers du foie et du pancréas qui sont influencés par le cholestérol.
2- chez les femmes, ce sont les cancers du sein et de la vésicule biliaire.
Conclusion rapide : si vous êtes d’une famille où on fait des cancers [notamment du sein] plus souvent que la moyenne, évitez à tout prix de diminuer votre cholestérol ; très probablement, il vous protège !
Ce n’est pas une certitude, certes, et le degré de protection est difficile à quantifier, mais principe de précaution oblige …
Si en plus, vous suivez les conseils de mode de vie que nous donnons dans notre livre « Prévenir l’infarctus« , il y a peu de doutes que vous contribuerez activement au maintien de votre santé !